Passer six mois de l’année à la campagne, quatre mois à Paris et deux mois en voyage, voilà le souhait d’une vie heureuse. Quand on observe jusqu’à quel point la société parisienne met en pratique ce qu’elle a reconnu désirable en spéculation, on voit que les familles qui sont allées aux champs chercher le grand air et la santé pendant la saison chaude ne rentrent guère avant le milieu de janvier pour reprendre le joug social et les avantages qui y sont attachés, car, l’homme étant de sa nature un animal éminemment sociable, la fréquentation des salons et de tous les lieux de réunion est pour lui un besoin et un bonheur. Vers le milieu de mai, on commence à parler de départ, de voyages, de visites aux eaux minérales, de séjour dans ses terres. Les fonctionnaires retenus à Paris se procurent des habitations d’été dans le voisinage pour eux et pour leurs familles. S’ils peuvent avoir quelques semaines de libres, ils courent aux eaux et aux bains de mer fréquentés par la foule des baigneurs de bonne société ; ils y retrouvent à la fois et les salons de Paris et les charmes de la mer et des montagnes. Ils remplissent à peu près le même cadre annuel que les heureux qui ont à la fois l’aisance et l’indépendance absolue. On peut regarder cette distribution du temps comme un type indiqué par l’hygiène autant que par les agrémens qui en sont l’accessoire. À la vérité, on reproche à juste titre aux Français d’être trop sédentaires, de ne pas voyager assez, même dans leur propre pays, et surtout depuis que le transport rapide sur