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n’appelle pas des réformes toujours coûteuses, il est évident que non-seulement pour l’année 1857, mais pour longtemps encore, les dépenses et les recettes ne pourront s’équilibrer, et cela très certainement à cause des réformes intérieures dont l’initiative reste attachée au nom du prince Schwarzenberg, et dont le ministre de l’intérieur, M. Bach, n’a cessé de poursuivre l’exécution. Il a fallu en effet pourvoir à des besoins administratifs bien plus grands depuis que l’annexion du royaume de Hongrie et des provinces adjacentes a mis à la charge du budget de l’état des dépenses qui figuraient au compte particulier des provinces et des seigneurs. Il suffit, pour s’en convaincre, de comparer le budget de 1845, soldé par un excédant de recettes, antérieur à l’annexion, et celui de 1853, qui l’a suivie. À part le chiffre de la dette consolidée, nécessairement accru, à part aussi le chiffre du ministère de la guerre, dont les dépenses répondent à des dangers politiques intérieurs et extérieurs, les plus fortes augmentations portent sur les ministères de l’intérieur, des finances, de la justice et des travaux publics, tandis que les dépenses de la liste civile et du ministère des affaires étrangères restent stationnaires. Ainsi le budget des travaux publics s’élève de 25 millions de francs à 38, sans compter les dépenses extraordinaires, qui, de 1848 à 1855, ont absorbé 370 millions de francs. Le ministère de la justice monte de 13 millions à 45, celui de l’intérieur et de la police de 40 à 75, enfin celui des finances de 31 à 65. En somme, le budget des dépenses passe du chiffre de 382 millions de francs à celui de 735, soit près de 100 pour 100 d’augmentation. Cependant en 1853 les recettes produisaient seulement 595 millions contre 410 en 1846. En.1855, les dépenses ordinaires, c’est-à-dire les dépenses générales, moins celles de l’augmentation de l’armée, s’élèvent à 750 millions de francs, et les recettes à 645.

Que ce déficit soit la conséquence des réformes introduites dans l’administration intérieure de l’empire, dans l’assiette des impôts, c’est ce qui semble hors de doute, non moins que l’impossibilité de revenir à l’état de choses ancien. Or, s’il faut s’accommoder du régime nouveau, il faut également pourvoir au déficit qui en est la conséquence, ou aviser aux moyens de le faire cesser. On doit avant tout se demander quel peut être le chiffre normal des dépenses ordinaires en Autriche. Après toutes les réductions possibles, ce chiffre a été, en 1855, de 301 millions de florins ; avec l’accroissement de la dette, conséquence du dernier emprunt, et pour continuer les travaux publics, dont la paix rendra le besoin plus urgent, on ne saurait évaluer à moins de 320 millions de florins, ou 800 millions de francs, le budget des dépenses de l’empire. Si les recettes ordinaires ne devaient pas dépasser 260 millions de florins, et elles n’ont été que de 258 en 1855, ce serait donc un déficit normal de 60 millions