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Page:Revue des Deux Mondes - 1856 - tome 4.djvu/369

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de florins ou de 125 millions de francs par an. D’ici à deux années environ, le gouvernement a les moyens de le combler : il lui reste encore à recouvrer 218 millions environ sur les 500 millions de florins de son emprunt, il doit toucher une partie du prix des ventes de chemins de fer et de domaines qu’il a concédés à des compagnies étrangères ; mais ce sont là des ressources temporaires, et lorsqu’elles seront épuisées, la question du déficit se présentera de nouveau, si l’accroissement des recettes ordinaires, dû au maintien de la paix générale, au développement de la prospérité intérieure, aux entreprises et aux mesures financières émanées de l’initiative du ministre des finances, n’est pas parvenu à le combler.

Le plus rapide coup d’œil jeté sur le régime des impôts en Autriche montre avec évidence qu’ils pourraient donner un chiffre bien autrement considérable que le produit actuel. L’impôt foncier, qui a subi en 1849 une augmentation d’un tiers, fournit 60 millions de florins. L’auteur d’une étude sur le l’établissement de l’équilibre dans le budget autrichien estime qu’en 1850 la valeur des produits agricoles n’était pas inférieure à 1,290 millions de florins, et il en conclut que l’impôt foncier pourrait être élevé très facilement. Lors de l’évaluation du produit des propriétés rurales, on a en effet pris pour base le prix des récoltes de 1844, c’est-à-dire de l’année la plus favorable dans une période de cinquante ans, et on a évalué l’impôt au seizième du revenu ainsi établi. La mise en valeur des domaines immenses que le défaut de voies de communication rend à peu près improductifs fournirait aussi une importante augmentation au chiffre de l’impôt foncier ; mais cette dernière amélioration ne peut s’effectuer que peu à peu, tandis que la première dépend absolument de la volonté du chef de l’état. Il est vrai que les changemens intervenus dans la situation de la propriété territoriale par suite de l’abolition des corvées ne rendent pas le moment opportun pour imposer de nouvelles charges aux propriétaires du sol. Les impôts directs, c’est-à-dire les impôts foncier, personnel, des patentes, des droits successifs, enfin un impôt sur le revenu, ont produit 88 millions de florins en 1855, soit 220 millions de francs. C’est assurément fort peu pour un empire qui renferme 40 millions d’habitans dans une étendue de 12,000 milles carrés géographiques ; la France n’a qu’une superficie de 9,700 milles carrés et une population de 36 millions d’habitans. Le chiffre des impôts indirects de toute nature s’est aussi élevé en 1855 à 130 millions de florins, soit 347 millions de francs. Quelques calculs, quelques rapprochemens suffiront, je l’espère, pour faire comprendre l’avenir réservé à cette partie des revenus publics, qui, par son accroissement plus ou moins rapide, est le véritable signe du pro grès de la richesse des nations. Avant tout, il importe de remarquer quelle est la progression de ces impôts en général. En 1845, avant