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telle différence, qu’à moins de ressources extraordinaires on ne saurait prévoir avant un long terme le rétablissement d’une juste mesure. Le compte-rendu de mai montre l’encaisse s’élevant à 54 millions de, florins contre une émission de 370 millions de billets. Dans celui d’avril, l’encaisse était de 51 millions 1/2 contre une émission de 366 millions 1/2. Par quels moyens pourrait-on arriver au chiffre représentant le tiers de l’émission du papier, proportion admise comme normale pour la garantie métallique des billets de banque ? La banque a émis 50,000 actions nouvelles, attribuées, une pour deux, à ses anciens actionnaires, et le montant intégral des 700 florins, prix de ces actions, devait être versé en argent ; mais on s’aperçut que c’était amener inévitablement la hausse de l’argent lui-même que délaisser à chaque actionnaire le soin de se procurer le numéraire indispensable, et la banque se borna à recevoir en papier le prix représentatif de 700 florins d’argent, sauf à acheter elle-même des valeurs métalliques au dehors. Toujours est-il que cette émission d’actions n’a pas encore donné à la banque les ressources métalliques nécessaires pour reprendre ses paiemens en espèces. Diminuera-t-elle le chiffre de ses billets pour rétablir la proportion ? Ce serait cruel, eu égard aux besoins de la circulation, qui n’ont que ce seul moyen de se satisfaire. Attendra-t-elle l’accroissement des dépôts de numéraire ? Ce serait naïf. Augmentera-t-elle le chiffre de ses achats au dehors ? Ce sera cher. Enfin l’état sera-t-il en mesure de lui faire sous peu un paiement considérable en espèces ? On peut l’espérer, quoique avec réserve. Toutefois la véritable question n’est pas là, et quand même la banque aurait pu se procurer 125 millions de florins en numéraire pour la reprise des paiemens en espèces, il faudrait encore se demander si la chance de maintenir intacte cette réserve dans les caisses de la banque est fondée ou non. On comprend en effet qu’il ne faudrait pas abolir le cours forcé pour le rétablir peu de temps après. Or, d’une part, il importe de savoir si à l’intérieur il existe encore chez les particuliers une réserve métallique suffisante pour qu’ils ne s’empressent pas de s’en faire une au détriment de celle de la banque, ou bien si l’usage du papiers-monnaie a tellement prévalu, qu’il n’y ait pas à craindre de lui voir préférer l’usage moins facile de la monnaie d’argent. Il faut examiner d’autre part si, dans ses échanges avec l’étranger, l’Autriche peut maintenir une balance telle qu’elle n’ait pas à fournir un appoint qui serait infailliblement perçu en numéraire. Quant à ce qui est de la circulation intérieure, on croit que, malgré la disparition de presque toute la monnaie d’argent et l’insuffisance de la réserve métallique dans le pays même, la plupart des provinces ont tellement adopté l’usage du papier-monnaie, qu’il n’y a pas à redouter de changement notable dans des habitudes aujourd’hui enracinées. Les possessions italiennes font seules exception