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Page:Revue des Deux Mondes - 1856 - tome 4.djvu/377

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à qui un compte courant est ouvert commencent d’abord par opérer un versement de 5 pour 100 sur le crédit demandé, qu’il soit fait ou non usage de la totalité de ce crédit, et chacun de ces débiteurs garantit en outre solidairement le remboursement de tous les crédits ouverts jusqu’à concurrence du propre crédit qu’il a demandé. Avec cette double garantie d’un fonds de réserve de 5 pour 100 et de la solidarité de tous les débiteurs, on comprend quelle solidité présentent toutes les opérations du comptoir. En même temps un comité, nommé par les débiteurs associés, surveille toutes les avances de fonds concurremment avec les représentans des actionnaires.

Après avoir ainsi pourvu aux besoins du petit commerce, le gouvernement impérial crut qu’il était nécessaire de venir également en aide à la grande industrie. La banque en effet n’est point autorisée à consentir des prêts sur dépôts d’actions de chemins de fer ou autres ; il fallait donc ou la laisser étendre ses opérations ou créer à côté d’elle un nouvel établissement : ce dernier parti prévalut, et une société de crédit mobilier pour le commerce et l’industrie fut autorisée à Vienne. Elle fut fondée au capital de 100 millions de florins, représentés par 500,000 actions de 200 florins, dont 300,000 seulement ont été émises. Son privilège fut fixé à quatre-vingt-dix ans, et elle eut le pouvoir de fonder des succursales dans toutes les villes de l’empire. Les opérations auxquelles la société de crédit mobilier peut se livrer sont des plus étendues, mais elles ne doivent pas dépasser les frontières autrichiennes ; toute affaire avec l’étranger lui est interdite. À l’intérieur, elle peut faire des avances sur les rentes de l’état, sur les emprunts locaux de provinces, d’arrondissemens et de communes ; elle peut souscrire et négocier tous les emprunts publics et même aussi ceux des particuliers, la bourse de Vienne offrant cette singularité, que des emprunts effectués par de grands seigneurs sous forme de loterie y sont négociés et cotés. La société de crédit mobilier est également autorisée à prêter sur produits bruts et sur marchandises, à entreprendre des opérations industrielles ou autres d’utilité publique, à modifier les sociétés existantes, à émettre par conséquent les actions et obligations de toutes ces sociétés et à émettre aussi ses propres obligations, portant intérêt, jusqu’à concurrence des valeurs qu’elle a en caisse. La plus courte échéance des obligations du crédit mobilier doit être d’un an. Inutile de dire que c’est encore une banque de dépôt et de recouvrement, que toutes les opérations des banques ordinaires lui sont permises, mais qu’il lui est interdit de faire des opérations à découvert et des opérations à prime, comme de spéculer sur ses propres actions.

La création de la société de crédit mobilier à Vienne a donné lieu à de grands débats. On a reproché à cet établissement d’être fondé sur des bases trop exclusives, et de ne pouvoir étendre ses opérations