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on trouvera que c’est un intérêt de plus de 20 pour 100. La même proportion existera-t-elle dans l’avenir, lorsque de nouveaux versemens auront été appelés, lorsqu’il faudra pourvoir à l’intérêt et à l’amortissement des obligations ? On ne peut répondre à cette question d’une manière précise ; toutefois on peut faire observer que les recettes de cette année présentent déjà sur celles de l’année dernière un accroissement notable, que la ligne de Raab en particulier donne des résultats tels qu’on peut raisonnablement espérer de lui voir produire un jour 60,000 francs par kilomètre, qu’enfin les mines et les domaines ont donné jusqu’à ce jour 2 1/2 pour 100 à peine du capital qu’ils représentent, et qu’on ne saurait prévoir l’avenir qui leur est réservé lorsque les communications qui leur manquent leur seront ouvertes Que vaudront alors ces forêts immenses si fertiles non-seulement en bois de chauffage, mais en bois de construction, ces mines d’une grande richesse pour la plupart à l’exception de celles de cuivre, ces pâturages, ces terres ? Qui le sait ? qui sait aussi à quel chiffre pourront monter les recettes des chemins de fer qui traversent la Hongrie, dont le sol présente généralement deux mètres de profondeur de terre végétale, et où nulle route n’est tracée, où nulle communication n’est possible dans le mauvais temps entre les agglomérations de population qui habitent ces plaines immenses ? À l’heure qu’il est, il faut, quand il a plu, perdre quatre heures pour parcourir les 2 kilomètres qui séparent la station du chemin de fer de la ville de Szeggedin. Qu’on juge par la des facilités offertes au commerce et à l’agriculture dans cette Hongrie où dès cette année néanmoins chaque kilomètre de chemin de fer produit déjà plus de 40,000 francs.

Les résultats de cette première entreprise ont été si beaux, qu’on a reproché au gouvernement autrichien d’avoir fait à la compagnie concessionnaire des conditions trop favorables. Ce n’est pas cependant par le profit qu’elle en tire qu’il convient d’estimer le prix de vente, mais d’après ce que le gouvernement obtenait lui-même. Si l’on réfléchit ensuite que le traité a été conclu au début de la guerre d’Orient, c’est-à-dire dans des circonstances difficiles, que c’est à cette première affaire que l’Autriche a dû de voir les capitaux étrangers se diriger vers elle et lui procurer, les ressources qui lui manquent, on se convaincra aisément que le bénéfice de cette opération est aussi grand pour l’une des deux parties que pour l’autre.

Le gouvernement a fait depuis lors un nouvel appel au capital étranger, et il s’est adressé cette fois à l’Angleterre et à la France. Une nouvelle compagnie vient en effet d’acquérir tous les chemins lombardo-vénitiens à l’exception de l’embranchement de Vérone vers, le Tyrol. Ces chemins, qui ont aujourd’hui une étendue de 402 kilomètres, ont été vendus, pourvus de tout le matériel d’exploitation,