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il y en a plusieurs autres qui paraissent devoir être concédées prochainement : c’est d’une part le chemin de Tœplitz à Aussig, d’une longueur seulement de 3 milles ou 22 kilomètres, qui serait la tête d’une ligne vers Hof et la Bavière, et que des propriétaires de la Bohême demandent à construire sans aucun secours de l’état. C’est, encore le chemin de Marburg, Klagenfurt et Udine, qui irait jusqu’à Trieste et Venise, et mettrait ainsi les deux ports de l’Autriche dans l’Adriatique en communication avec Vienne (on évalue la longueur de cette ligne à 35 milles et la dépense à 30 millions de florins). Ce serait enfin le réseau transylvanien, qui partirait de Gross-Wardein, limite des chemins de la Theiss pour aller à Klausenburg et à Kronstadt, et commencerait d’autre part à Arad ou Temesyar pour passer par Hermanstadt et se continuer jusqu’à Galatz.

Si tous ces travaux se trouvaient complétés par un ensemble de, lignes, dont l’une, au sud, soudée à l’extrémité des chemins austro-français à Bazias, se terminerait à Varna en traversant Bucharest, dont l’autre, au nord, partie de Czernovitz, point extrême des lignes galiciennes, desservirait Jassy et rejoindrait la ligne transylvanienne de Galatz par un prolongement poussé aussi jusqu’à Bucharest, — on aurait dans tout l’empire d’Autriche et l’est de l’Europe un ensemble de voies ferrées d’une incontestable utilité. C’est en considérant à quel point ces entreprises nouvelles féconderaient des provinces si peu productives jusqu’à ce jour, quoique si fertiles que l’on comprend la véritable puissance de l’esprit moderne, et qu’on admire la grandeur de l’industrie. Malheureusement les travaux dont le résultat moral est supérieur ne sont pas ceux qui promettent immédiatement le plus de bénéfices matériel, et c’est alors qu’il convient de faire appel non-seulement aux capitaux étrangers, mais surtout au concours des gouvernemens et à l’initiative des hommes généreux et des esprits élevés. Quand on songe à l’utilité de telles œuvres vraiment internationales, humaines par excellence, on regrette davantage de voir tant d’efforts dépensés ailleurs, en France surtout, dans des spéculations dont le moindre tort n’est pas d’être insignifiantes pour l’amélioration du sort des classes les plus nombreuses. On se demande enfin s’il ne serait pas urgent d’arrêter cette immense déperdition de forces mises au service de l’industrie par la forme de la société anonyme dans des entreprises souvent si bizarres presque toujours si petites, parfois d’une moralité si douteuse ! Mais pour revenir au sujet qui m’occupe plus particulièrement, je veux,