Page:Revue des Deux Mondes - 1856 - tome 4.djvu/395

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sécheresse absolue marquée 0, ou rapproché de i’humidité extrême indiquée par le chiffre 100. Il y avait tant de simplicité dans le principe de l’hygromètre à cheveu et une si grande commodité dans l’emploi de cet instrument, qu’on l’accepta tout d’abord sans voir qu’il n’était pas de nature à satisfaire les météorologistes. Il leur faut autre chose qu’une graduation arbitraire, ils doivent connaître le nombre de grammes d’eau que renferme un mètre cube d’air à un moment quelconque de la journée : c’est ce que l’instrument de Saussure ne pouvait leur apprendre, et quand on vit que cette qualité lui manquait, on se lança dans des expériences longues et nombreuses pour en perfectionner la graduation. Elles ne furent jamais bien satisfaisantes, et l’on n’a pu sauver d’un discrédit complet cet hygromètre, plus ingénieux que rationnel. Forcés de se tourner vers des procédés plus sûrs, les physiciens ont mieux réussi quand ils ont mieux connu les propriétés des vapeurs. Le physicien anglais Daniell place dans l’air un vase plein d’eau, il le refroidit, et bientôt une rosée fine se dépose sur la surface extérieure : plus l’air est humide, moins il faut refroidir le vase pour y amener la rosée ; plus il est sec, plus il faut abaisser la température avant de condenser la vapeur. Cette simple observation suffit pour reconnaître l’état hygrométrique de l’air. Enfin et tout récemment, le docteur August, de Berlin, a remarqué que si on couvre d’une gaze mouillée le réservoir d’un thermomètre ordinaire, on en abaisse la température. Cela se comprend aisément, car l’eau dont la gaze est imprégnée s’évapore et se refroidit, et comme elle s’évapore avec une abondance proportionnée au degré de sécheresse de l’atmosphère, elle occasionne un abaissement de température plus grand dans l’air sec que dans l’air humide. Au moyen de ces instrumens, de quelques formules simples où de graduations convenablement préparées, les observateurs peu vent aujourd’hui savoir comment se fait le mouvement de la vapeur d’eau dans l’air. Ils font mieux encore : ils étudient la distribution générale de cet agent sur les mers, sur les continens, près des pôles ou sous l’équateur, pendant les diverses saisons ; ils démêlent les influences locales, constatent les résultats généraux, et il leur devient plus facile de saisir les circonstances qui précipitent les vapeurs sous forme de rosée, de givre, de pluie, de neige ou de glacé. Ils étudient ensuite ces météores eux-mêmes, et mesurent la quantité d’eau qui tombe annuellement sur la surface d’un pays, chose bien facile, car il suffit de la recevoir sur le fond supérieur d’un tonneau, de la laisser couler dans l’intérieur par un petit trou percé à des sein, de la conserver et de la mesurer à la fin de l’année.

On peut commencer à entrevoir dans quel champ la météorologie se meut et quel but elle poursuit. Nous venons de la voir s’emparer