Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1856 - tome 4.djvu/399

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

on reconnut des variations diurnes, annuelles et séculaires de la boussole, et il devint nécessaire de l’étudier journellement pour en connaître les perturbations. Un exemple fera comprendre cette nécessité.

Au moment où la boussole fut inventée, on parut croire que l’aiguille se dirige exactement vers le nord ; il n’en est rien, on le vit bientôt, et on se mit à fixer avec précision sa direction géographique. À Paris, en 1580, l’aiguille se portait vers l’est ; elle faisait avec le méridien un angle de 11 degrés 1/2. On l’installa solidement, on l’observa attentivement, et on la vit progressivement se rapprocher du méridien. En 1663, elle coïncidait parfaitement avec lui ; mais, continuant sa marché pendant les années suivantes, elle se tourna du côté de l’ouest jusqu’à faire un angle de 22 degrés en 1805, et resta à peu près stationnaire dans cette position pendant les années suivantes. Dans l’espace de deux cent vingt-cinq années, l’aiguille aimantée s’est déplacée de 33 degrés environ. Ainsi, pendant une période extrêmement restreinte, le magnétisme terrestre s’est modifié à la station de Paris d’une manière très sensible, et sans aucun doute il continuera à se transformer dans la suite des siècles. Comment se fera cette modification ? On ne peut le prévoir ; mais qu’il soit utile de l’étudier, on ne peut le contester.

C’est une chose remarquable que les connexions qui se dévoilent quelquefois entre des phénomènes en apparence extrêmement dissemblables. Arago signala le premier un fait dont aucune théorie ne pouvait alors prévoir la signification, et qui suscita des discussions passionnées. Il annonça que l’aiguille aimantée éprouve des perturbations au moment des aurores boréales ; non-seulement il observa ces perturbations toutes les fois qu’une aurore boréale était visible à Paris, mais en comparant les dates il put montrer que des mouvemens de l’aiguille avaient été constatés à l’époque même où des aurores invisibles à Paris avaient été signalées dans les contrées polaires. Aujourd’hui personne ne révoque en doute cette singulière coïncidence, et, inexpliquée au moment Où elle fut découverte, elle parut être naturelle quand on eut reconnu l’origine électrique des aurores boréales. Sans aller bien loin dans le champ des conjectures, il est permis de penser que l’action magnétique de la terre ne se limite pas aux effets que l’on a jusqu’à présent constatés. On vient de découvrir tout récemment que l’oxygène, ce gaz qui constitue en partie l’atmosphère terrestre, est attiré par l’aimant. Il doit s’accumuler aux pôles magnétiques de la terre, prévision non encore justifiée par les observations, mais qui nous laisse au moins l’espérance de trouver un jour dans l’action magnétique du globe un des élémens qui règlent la statique de l’atmosphère.

Si nous récapitulons les idées générales que nous venons de passer