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en revue, nous voyons l’enveloppe solide du globe recouverte en partie par les eaux, enveloppée par une masse gazeuse composée de vapeur et d’air. Cet ensemble d’élémens inertes, dont nous connaissons les propriétés, est livré à l’influence de forces multiples et dis semblables, — la chaleur, l’électricité et le magnétisme, — sans compter les attractions célestes. Sous la pression de ces agens, la matière du globe accomplit régulièrement des fonctions générales déterminées, variées à l’infini dans leurs manifestations et soumises à des influences perturbatrices locales qui en dissimulent l’harmonie. Étudier dans chaque coin du globe les météores qui nous frappent, éliminer les actions locales et formuler les circonstances générales, tel est le premier but de la météorologie ; — analyser la production et le développement des agens qui donnent la vie au monde sera le deuxième ; — enfin chercher les relations qui existent entre les causes et les effets, constituer par une théorie générale l’ensemble des phénomènes vitaux du monde en les faisant descendre de leurs causés, comme l’astronomie déduit le mouvement du monde de l’attraction newtonienne, tel devra être le couronnement d’une œuvre à peine commencée aujourd’hui. À travers quelle longue chaîne de tentatives stériles et de travaux illusoires arrivera-t-on à un but si distant ? C’est ce qu’il n’est pas possible de présumer ; mais s’il est un moyen d’eu approcher, il est sans contredit dans l’association d’un grand nombre d’hommes dévoués à la même étude. C’est là ce que nous voudrions faire comprendre.

Il est bien rare qu’un phénomène naturel puisse être étudié complètement par un seul homme : cela n’a lieu que dans le cas très particulier où il se reproduit fréquemment, et où la cause, agissant dans un espace très restreint, y développe tout son effet, de telle façon qu’un observateur unique puisse voir souvent et sous toutes ses faces le phénomène en lui-même et la cause qui le détermine. C’est ce qui arrive pour un météore bien ordinaire, la rosée. L’ana lyse même des circonstances de ce météore nous apprendra comment l’étude doit procéder dans ce dernier cas.

On avait, depuis Aristote, essayé sans succès d’expliquer la rosée. Pour les uns, elle tombait du ciel, pour les autres elle sortait de la terre, sans qu’on la vît ou tomber ou s’élever. Wells résolut simplement la question par un petit nombre d’observations rationnellement conduites. Il prenait des flocons de laine, les pesait, les étalait sur le sol au coucher du soleil, et mesurait la rosée qu’ils avaient reçue par l’augmentation de poids qu’ils avaient éprouvée. Au bout de quelques jours d’études, il avait reconnu que la rosée est abondante par les temps sereins sur les lieux découverts, qu’elle ne se produit pas sous une toile tendue, sous un toit ou sous les nuages, c’est-à-dire sous un abri quelconque, à quelque distance qu’il soit