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morts. Curieux exemple de l’ignorance frivole où peut jeter la passion ! Je pourrais inviter les personnes qui se complaisent dans cette idée à aller en Angleterre et à voir de leurs propres yeux combien la foi et la pratique du christianisme protestant y sont vivantes, répandues, assidues ; je pourrais les promener en Hollande, en Allemagne, en Suède, aux États-Unis d’Amérique, en France même et leur montrer partout, parmi les protestans, la foi et la ferveur religieuse se ranimant et se propageant à-côté de l’incrédulité savante ou grossière, fanatique ou apathique, maladie dont à coup sûr, dans le monde chrétien, les états protestans ne sont pas seuls atteints ; mais je laisse la cette controverse de statistique religieuse, et n’y veux prendre qu’un fait auquel l’affaire de Taïti se lie intimement, et qui en explique seul la gravité.

J’ai sous les yeux les rapports et les budgets de trente-deux sociétés libres anglaises vouées à la propagation ou au maintien du christianisme protestant dans le monde. Je résume les moyens d’action et les travaux des six principales de ces associations pour l’année 1846, la dernière dont les faits et les chiffres me soient connus avec précision, et je trouve que ces six sociétés de missions protes tantes anglaises ont reçu pour leur œuvre, dans le cours de cette seule année, 548,725 livres sterling (13,718,125 francs), et qu’elles ont dépensé 527,408 livres sterling (13,185,200 francs). Elles avaient en activité à la même époque, dispersés sur toute la face du globe, 1752 missionnaires principaux, y compris 16 évêques, et sans compter plusieurs milliers d’aides-missionnaires, maîtres d’école, exhortans et autres ouvriers chrétiens de diverses qualifications[1]. Je sais avec certitude que depuis 1846 le chiffre des dépenses

  1. Ces six grandes sociétés des missions anglaises sont :
    1o La Société pour la Propagation du Christianisme, fondée en 1698. — Elle avait en 1846 :
    liv. st. fr.
    Revenu 97,559 2,438,975
    Dépense 93,550 2,348,750

    2o La Société des Missions de l’Église anglicane, fondée en 1701. — Elle avait en 1846 :

    liv. st. fr.
    Revenu 115,259 2,881,474
    Dépense 93,846 2,346,150


    Ses missions sont réparties entre seize diocèses, savoir :

    évêque missionnaires
    Nouvelle-Écosse 1 43
    Nouveau-Brunswick 1 35
    Québec 1 53
    Toronto 1 90
    Terre-Neuve 1 27
    La Jamaïque 1 11
    Les Barbades 1 15
    Antigoa 1 5
    La Guyane 1 9
    Calcutta 1 13
    Madras 1 21
    Ceylan 1 3
    Bombay 1 2
    Australie 1 37
    Nouvelle-Zélande 1 3
    Tasmanie 1 11
    Total 16 378


    3o La Société des Missions baptistes, fondée en 1792. — Elle avait en 1846 :

    liv. st. fr.
    Revenu 22,886 564,650
    Dépense 27,589 689,725


    En activité 200 stations et 150 missionnaires, avec un grand nombre d’aides.
    Les baptistes ont en outre quatre sociétés de missions spéciales, qui avaient en 1846 :

    liv. st. fr.
    Revenu 14,654 366,350
    Dépense 14,210 355,250


    4o La Société des Missions de Londres fondée en 1795. — Elle avait en 1846 :

    liv. st. fr.
    Revenu 79,545 1,988,625
    Dépense 74,497 1,862,425


    Elle entretenait 70 stations et 244 missionnaires.
    5o La Société des Missions de l’Église anglicane en Afrique et dans l’Orient, fondée en 1800. — Elle avait en 1846 :

    liv. st. fr.
    Revenu 106,059 2,651,475
    Dépense 96,662 2,416,550


    Elle entretenait 105 stations et plus de 600 missionnaires.
    6o La Société des Missions wesleyennes. Ses travaux ont commencé en 1786 ; elle a été organisée en 1816. — Elle avait en 1846 :

    liv. st. fr.
    Revenu 112,823 2,820,575
    Dépense 112,056 2,801,400


    Elle entretenait 263 stations principales, et 364 missionnaires, sans compter un très grand nombre d’aides-missionnaires, maîtres d’école, etc.