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Page:Revue des Deux Mondes - 1856 - tome 4.djvu/551

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cipe sur la séparation absolue de l’église et de l’état les empêchait d’appuyer la mesure, les plus éclairés d’entre eux l’approuvaient dans leur cœur, et savaient gré à Peel de son courage en la proposant, M. Roebuck et M. cobden n’hésitèrent pas à voter pour, en expliquant les motifs qui les portaient, dans cette occasion, à s’écarter de leur principe. M. Bright, en votant contre, se crut obligé d’expliquer à son tour pourquoi il restait fidèle à son principe, ne voulant point nuire à sir Robert Peel, ni se laisser confondre avec ses ennemis.

Parmi les tories, M. Disraeli s’était mis, depuis longtemps déjà, à la tête des mécontens, les poussant à une rupture éclatante, et se livrant lui-même à l’hostilité la plus vive. Esprit brillant, fécond et justement ambitieux, mais acerbe et inquiet comme un homme qui cherche son rang et a peine à le trouver, il ne pouvait manquer une si favorable occasion de porter à son ennemi un rude coup. Laissant de côté la question même de Maynooth, il attaqua sir Robert Peel au nom des principes du régime constitutionnel ; il invoqua la nécessité des grands partis politiques pour la force et la dignité du gouvernement, la nécessité de la fidélité aux principes pour la force et la dignité des partis. « Si vous voulez avoir un gouvernement populaire, dit-il, si vous voulez avoir une administration parlementaire, ayez un cabinet qui déclare d’avance les principes sur lesquels sa politique se fonde ; vous aurez alors sur ce cabinet le frein salutaire d’une opposition constitutionnelle. Au lieu de cela, qu’avons-nous aujourd’hui ? Un grand entremetteur parlementaire, un homme qui dupe un parti, pille l’autre, et qui, une fois parvenu à la position à laquelle il n’a pas droit, s’écrie : — N’ayons plus de questions de parti ! » Peu de tories, même parmi les plus mécontens, auraient tenu, sur le plus illustre d’entre eux, un si insultant langage ; mais beaucoup prenaient plaisir à l’écouter.

Entre tous ces opposans, la conduite comme la situation des whigs était la meilleure. En votant pour la mesure proposée par leur adversaire, ils faisaient acte de fidélité désintéressée à leurs principes, et ils pouvaient en même temps, sans inconvenance, faire ressortir le contraste entre leur constance et ses métamorphoses. Lord John Russell ne se donna point ce facile plaisir ; il appuya le collège de Maynooth sans se laisser aller contre sir Robert Peel à aucune malice directe ou détournée. M. Macaulay fut plus complaisant pour lui-même. Après avoir éloquemment défendu Maynooth contre toutes les attaques : « Nous devons distinguer, dit-il, entre la mesure et ses auteurs. Nous sommes tenus d’appuyer la mesure à cause de son mérite intrinsèque, mais il se peut que nous soyons tenus de parler en termes sévères de ses auteurs. Pour moi, je crois que c’est