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UN
PEINTRE ESPAGNOL
ET LA CRITIQUE


Marceline de Verte-Allure, plaidant contre Figaro dans le château d’Aguas-Frescas, confond à plaisir la particule disjonctive avec la particule copulative, et, grâce à cette confusion, elle arrive à démontrer que son adversaire doit l’épouser et lui payer deux mille piastres fortes. Figaro se récrie et dit que s’il épouse, il ne doit rien, que mariage vaut quittance. La querelle que me fait M. Madrazo n’est pas plus sérieuse. Seulement, au lieu de me trouver en présence du comte Almaviva et de Bridoison, son assesseur, j’ai devant moi des magistrats dont le temps pourrait être plus utilement employé. Il ne s’agit ni de la particule disjonctive ni de la particule copulative, il s’agit du conditionnel et de l’indicatif. Pour établir ma bonne foi, je me vois forcé de recourir aux argumens de Figaro ; ce n’est pas ma faute si les besoins de ma défense m’obligent à discuter une question de grammaire. Le juriste le plus érudit fouillerait inutilement le droit romain, le droit féodal et le droit moderne pour me justifier. Toutes les lois sont muettes sur l’objet d’un démêlé si futile. La grammaire seule peut manifester aux yeux des esprits les plus incrédules toute l’innocence de mes intentions.

M. Madrazo m’accuse d’avoir parlé l’année dernière du portrait de la reine Isabelle, dont le livret officiel de l’exposition universelle affirmait la présence à Paris[1], et pour établir la légitimité de son

  1. Le portrait de la reine Isabelle est inscrit au livret de l’exposition universelle des beaux-arts de 1855, page 68, sous le n° 594.