Sir Robert Peel arrivait au pouvoir sous les auspices les plus brillans et pourtant précaires, avec des forces éclatantes, mais aussi avec des faiblesses cachées[1]. Son triomphe était aussi légitime que complet : le cabinet whig n’avait succombé à aucun accident, à aucune manœuvre ; il s’était usé lentement, au grand jour de débats solennels, et retiré devant le vote positif et réfléchi du parlement. Le cabinet que Peel venait de former comptait dans son sein les hommes les plus illustres par la gloire, par le rang, par la capacité, par la considération : dans la chambre des pairs, le duc de Wellington, sans fonction spéciale ; lord Lyndhurst, aussi habile dans la discussion politique que dans l’administration de la justice ; lord Aberdeen, d’un esprit aussi conciliant qu’élevé, prudent, patient, équitable, et mieux instruit que personne des intérêts et des traditions diplomatiques de l’Europe ; lord Ellenborough, le plus brillant des orateurs tories ; — dans la chambre des communes, lord Stanley, que le noble chef retiré des whigs, lord Grey, regardait, me dit-il en 1840, comme l’héritier le plus direct de la grande école oratoire de Pitt et de Fox ; sir James Graham, administrateur éminent, raisonneur fécond et animé,
- ↑ Voyez la première partie dans la livraison du 1er mai dernier. — En renvoyant le lecteur à cette première partie, nous devons rectifier une erreur qui s’y est glissée par inadvertance. Page 251, ligne 22, au lieu de lord Dudley Stuart, il faut lire lord Dudley simplement. Lord Dudley Stuart est un personnage tout différent, et qui n’a jamais été ministre.