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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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31 août 1856.

Voici un temps où tout repose. La surface du monde politique est calme et unie comme une de ces mers mortes au sein desquelles dorment confondues pour le moment toutes les tempêtes passées et futures. Des agitations de la veille, des luttes de l’an dernier, il ne reste plus rien qu’un souvenir. Si les difficultés qui ont surgi dans l’exécution du traité de paix ne sont point entièrement résolues, elles ne paraissent pas du moins de nature à se transformer en complications sérieuses. Les relations des gouvernemens de l’Occident avec Naples se sont peu améliorées, il est vrai, mais elles gardent ce caractère incertain des affaires diplomatiques qui restent le secret des cabinets. M. de Hübner a-t-il dû aller à Naples ? est-il allé à Naples ? C’est une question qui a été récemment discutée, comme si l’Autriche avait absolument besoin que M. de Hübner se rendît dans les Deux-Siciles pour faire entendre des conseils de salutaire modération. Ce qui occupe aujourd’hui est peu grave ; ce qui est sérieux est ajourné. C’est donc pour la politique générale un moment de calme et de stagnation pendant lequel les regards distraits se tournent vers le Nord, où se prépare le couronnement de l’empereur Alexandre. Il y a évidemment en Russie un redoublement de sympathie pour la France. Il est presque de mode de parler avec un accent d’admiration de notre armée, de notre pays, et encore plus de désirer venir à Paris. L’échange récent de décorations entre les chefs des deux empires est un des signes de ces dispositions. L’envoyé extraordinaire de la France au couronnement, M. de Morny, a été reçu avec une distinction singulière. Par une circonstance imprévue, il s’est trouvé prendre rang à la tête de toutes ces