précieuse. Comment vous portez-vous? comment va la jalousie? Vous êtes-vous encore querellée avec Ansha?
Moi, seigneur, me quereller avec Ansha? Je ne lui fais pas cet honneur.
Eh ! voilà du dédain, si je ne me trompe.
Si je la dédaignais, si je la méprisais, ce ne serait pas sans de bonnes raisons.
De bonnes raisons, et lesquelles, s’il vous plaît?
Seigneur, Zulma sort d’ici; puis-je croire qu’elle ne vous ait rien dit?
Rien dit, et de quoi?
Mais de la trahison d’Ansha.
Ah! oui, elle m’en a dit en effet quelque chose, mais d’une façon si vague et si obscure, que je n’y ai pas fait grande attention.
En ce cas, Zulma a perdu l’esprit, ou votre excellence chérit son erreur et ne veut pas être désabusée.
Quelle idée, Aïxa ! Je veux au contraire connaître la vérité; mais dites-moi à votre tour ce que vous savez d’Ansha.
Zulma ne vous a-t-elle pas dit que nous avions assisté à un tendre entretien d’Ansha et de son amant, que cet amant n’est autre qu’Adilé?
Elle m’en a bien dit quelque chose, mais je ne puis croire à cette double perfidie. Une assertion n’est pas une preuve.
Ah! nous y voilà! J’ai été plus fine que toi, Zulma. (Haut.) Vous voulez des preuves, seigneur? Je puis vous en donner une.
En vérité?
Oui, seigneur; prévoyant votre répugnance à vous détacher d’Ansha et à nous accorder votre confiance, j’ai voulu me munir de preuves irrécusables. Dans ce dessein, je me suis glissée dans la chambre d’Ansha, lorsque je la savais ailleurs; j’ai fureté dans ses tiroirs, et voici ce que j’ai trouvé. (Elle tire de sa ceinture un petit étui.) Regardez Ce portrait, seigneur. Ne reconnaissez-vous pas votre Adilé sous ce costume d’Arnaute? Et voyez de ce côté le chiffre de Spiridion (c’est le vrai nom du traître) et celui d’Ansha brodés en cheveux.