Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1856 - tome 5.djvu/59

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
55
L’HISTOIRE ET LES HISTORIENS DE L’ITALIE.

des effets qui ont suivi… » Ce qui suivit ces luttes interminables, ce fut la servitude, et M. Capponi dit pourquoi. « Tout ce qu’il y avait de vie dans le peuple de Florence était empreint d’un caractère municipal et démocratique. Il était plus facile de détruire cette vie que de la renouveler sous une autre forme. Le peuple d’une cité riche, mobile, ingénieuse, pouvait bien, contre l’empire éloigné et faible, maintenir sa propre liberté dans le désordre du moyen âge ; mais ce peuple restait sans droits et sans forces dans les nouvelles constitutions monarchiques et princières auxquelles était alors confiée l’organisation des états. Florence ne pouvait vivre que tout à fait libre ou tout à fait esclave, et quand les Médicis eurent subjugué par les armes étrangères cette cité qu’ils s’étaient obstinés depuis un siècle à corrompre ou à séduire, il ne resta de l’antique liberté aucune forme conservatrice qui pût, en permettant la dignité dans l’obéissance, tempérer la servitude. »

Je me suis arrêté longtemps à ce premier volume de l’Archivio storico, parce que c’est un des plus importans. Une analyse un peu détaillée ne pouvant se faire pour tous les ouvrages contenus dans le recueil, je devais en choisir un qui fût l’objet de ce genre de travail. Or rien n’offrait plus d’intérêt que le récit de Jacques Pitti. De même, parmi les morceaux qui accompagnent ces diverses publications, il n’en est point qui aient plus de valeur que les notes de M. Gino Capponi, comme il les appelle trop modestement, et dont les citations que j’ai faites ont permis au lecteur d’apprécier le grand caractère.

Maintenant je parcourrai cette collection de documens historiques de tout genre, les indiquant et les caractérisant selon leur importance et les rapprochant d’après la portion de l’Italie à l’histoire de laquelle ils se rapportent, car toute l’Italie est, comme je l’ai dit, présente dans ce vaste recueil.

La ville de Sienne, qui aujourd’hui, avec ses palais de briques et ses rues tortueuses, sa place pittoresque, sa cathédrale, son palais communal, a si bien conservé la physionomie du moyen âge, et semble deux fois chaque année en ranimer pour un jour les passions locales, les haines de quartier à quartier, lors des courses de la Saint-Pierre et de l’Assomption ; Sienne, qui fut la rivale, une fois la rivale victorieuse de Florence, et montre encore avec orgueil dans sa cathédrale les trophées de la victoire de Mont-Aperti sur les Florentins, Sienne a eu ses chroniqueurs, comme elle a eu son histoire. L’Archivio a publié, entre autres documens siennois, un récit en forme de journal des révolutions de la ville de Sienne, devenue d’impériale française et de française impériale, par Sozzini. Ce titre seul est historique et trop historique, car il rappelle que les révolu-