Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1856 - tome 5.djvu/615

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LE JAPON
ET
LE COMMERCE EUROPÉEN


Depuis 1851, l’attention publique se porte sur le Japon, et les efforts des États-Unis pour conclure avec ce pays un traité de commerce ont fait naître de grandes espérances. On a beaucoup écrit sur l’ouverture des ports du Japon, sur les conséquences commerciales qui en découleraient ; mais en général dans l’examen de cette question, qui est en dehors des notions ordinaires, on n’a tenu compte ni des ressources du Japon pour l’alimentation d’un grand commerce, ni des difficultés que présente pour les Japonais eux-mêmes l’introduction d’un nouveau système dans leurs institutions et leurs lois fondamentales. Les Américains se figurent qu’ils pourront inonder les marchés du Japon de leurs marchandises ; ils ne se sont pas encore sérieusement demandé ce qu’ils pourraient en emporter. Cependant tout commerce durable doit reposer sur des échanges réciproques. Celui qu’on recherche au Japon remplit-il cette condition ? C’est la question que je me propose d’examiner. Je sais que je vais froisser des illusions généralement répandues, et qu’il me faudra appuyer toutes mes assertions sur des chiffres et des, faits. Je raconterai d’abord, sous l’autorité des auteurs les plus compétens, les établissemens des Portugais et des Espagnols, montrant la rapidité de leurs succès et l’importance de leurs bénéfices, les causes de leur fortune et celles de leur ruine ; puis je suivrai l’histoire des relations non interrompues que les Hollandais ont conservées avec le Japon jusqu’à