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L’HISTOIRE ET LES HISTORIENS DE L’ITALIE.

peuple qui n’a pas de nom. Détournons les yeux de ces vicissitudes de dépendance, de cette variété d’assujettissement, de ces préférences de servitude qui forment le chapitre le plus affligeant de l’histoire italienne, en espérant que le temps présent n’y ajoutera pas une page de plus.

Les Archives contiennent sur l’histoire des papes plusieurs morceaux remarquables. Des éphémérides du pontificat de Sixte V présentent un tableau bien sombre des désordres qui régnaient lors de son avènement. Rien ne saurait être plus glorieux pour ce grand pape que la peinture des maux auxquels il sut si vigoureusement et si promptement remédier. L’état romain était en proie à des bandits qui, sous le titre de princes, y exerçaient les plus incroyables violences. Des bandes de sicaires, aux gages de ces oppresseurs, portaient partout le meurtre et la désolation. Les marchands et les pèlerins n’osaient se mettre en route. Tout le monde était exposé à être pillé, torturé, tué dans sa maison. Rome fut menacée par cette armée de scélérats, et plusieurs fois ferma ses portes ; dans son sein même, on pillait, on égorgeait impunément les citoyens et on les jetait dans le Tibre. Les soldats du pays et les sbires achevaient d’enlever ce qui avait échappé aux brigands. La famine venant s’ajouter à tous ces maux, trois choses, comme le dit en résumant l’auteur, sans lesquelles la vie de l’homme en société est impossible, manquaient à la fois : la justice, la paix et le pain. Malgré tous les abus qu’on peut reprocher aujourd’hui au gouvernement romain, il faut convenir qu’il a fait depuis ce temps de notables progrès.

Le récit de la guerre de Paul IV contre les Espagnols, par Norès, est un dramatique épisode de l’histoire de la papauté, de la papauté du xvie siècle, renonçant à son grand rôle du moyen âge, au rôle d’arbitre de l’Europe chrétienne, pour descendre dans la mêlée des puissances, et y chercher une importance politique secondaire et des agrandissemens de territoire mesquins, y faire prévaloir des intérêts de famille indignes d’occuper le père commun des fidèles : ambition qui a été une chute, et d’où sont sortis, par les dépenses qu’elle entraînait et les expédiens où ont conduit ces dépenses, les embarras accumulés dans les finances et dans l’administration romaines jusqu’à nos jours. Paul IV, en voulant abaisser la puissance impériale en Italie, obéissait à un sentiment italien ; mais il était poussé aussi par la passion d’agrandir sa famille, de donner à ses neveux des principautés, d’en faire de petits souverains, passion étroite qu’ont malheureusement éprouvée si violemment plusieurs papes, et pour laquelle on a créé le nom de népotisme.

Ici l’histoire italienne touche à l’histoire de France, car Henri II, auprès de qui les Guise ont fait agir Mme  de Valentinois, envoie une