intègres en matière de science, qui m’encouragea à lui soumettre mon mémoire sur la lumière, qu’elle a si favorablement accueilli. J’avais d’abord regardé comme une grande distinction d’être admis dans un corps aussi honorable ; je commence aujourd’hui à en sentir mieux l’avantage, car, veuillez me croire, je ne considère pas seulement comme un devoir de concourir avec les autres membres à l’avancement des connaissances scientifiques, je regarde encore comme un grand privilège qu’au lieu d’exposer des recherches de cette nature à l’irréflexion d’une foule prévenue et curieuse, par qui tant de vérités nouvelles ont été si souvent bafouées ou perdues, je puisse m’adresser librement à une société aussi impartiale et aussi éclairée. »
Malgré la bienveillance que rencontrèrent les premiers essais de Newton auprès de la Société royale, cette compagnie n’était pas alors composée comme elle l’a été souvent depuis deux siècles. Ses membres n’avaient pas encore été instruits par Newton, et la plupart d’entre eux n’étaient guère capables de juger un tel homme et de telles découvertes. Cette bienveillance pour les talens nouveaux, pour les théories nouvelles, est dans le caractère anglais, et chacun met à Londres son patriotisme et sa vanité à admirer ses compatriotes. On consentit, il est vrai, à ouvrir les Transactions philosophiques aux attaques contre la théorie nouvelle, mais excepté un ou deux de ses membres, la société était de l’avis de Newton et le protégea toujours contre ses ennemis. Elle a simplement montré dans cette occasion de l’impartialité et de la justice. Les premières objections vinrent d’ailleurs de Cambridge et furent envoyées à Oldenburg par Newton lui-même avec sa réponse. Aussitôt un jésuite français, Ignace Pardies, professeur de mathématiques au collège de Clermont, se joignit aux expérimentateurs de Cambridge, et prétendit comme eux qu’en mélangeant du vert, du rouge, du violet, etc., on n’obtenait jamais qu’une couleur grise et non une couleur blanche ; que l’allongement du spectre pourrait fort bien s’expliquer par les lois ordinaires de la réfraction ou par celles de la diffraction, quoique Newton eût démontré mathématiquement le contraire. Puis vint un physicien de Liège, François Linus, qui crut n’avoir vu le spectre que par des temps couverts et nuageux, et qui expliqua pourquoi. On peut voir le détail de toutes ces objections et de toutes les réponses de Newton dans le livre de M. Brewster. Le récit en est intéressant, et les incidens abondent. La polémique est vive et très brillante d’un côté, car Newton employait toutes les forces de son génie à deviner comment ses adversaires ne pouvaient voir ce qu’il voyait lui-même, et comment des phénomènes si manifestes pouvaient échapper à leurs yeux. Parmi ses contradicteurs, il en est un surtout dont il faut s’occuper et qui se montre en toute circonstance l’ennemi le