droite peut être la gravité, de même qu’un boulet de canon lancé horizontalement se rapproche peu à peu de la terre et décrit une parabole. La lune descend à chaque instant vers la terre en s’écartant de la ligne droite, qui était d’abord la direction de son mouvement, et ce n’est pas la moins évidemment une preuve de l’action de la gravité sur elle que ne le serait sa descente en ligne droite. Supposez en effet un boulet lancé par une machine d’une force suffisante, ce boulet fera le tour de la terre à une distance plus ou moins grande, proportionnelle à la force qui l’aura lancé, mais jamais il n’ira en ligne droite en s’éloignant de la terre, jamais il ne tombera sur elle ; il suivra une ligne courbe qui tiendra le milieu entre la direction que lui a donnée la machine, et celle que tend à lui imposer la pesanteur. Cette direction sera, comme on dit en mécanique, la résultante de ces deux forces. Pour rendre la démonstration exacte, il faut prouver que la force qui fait descendre la lune à chaque instant vers la terre est égale à ce que serait la pesanteur dans les mêmes conditions, et c’est ce que fit Newton lorsqu’après s’être trompé une fois sur la distance de la terre à la lune, il trouva dans les observations de Picard une mesure exacte. Il vit ainsi que la puissance qui agit sur la lune et change continuellement son mouvement est dirigée, comme la pesanteur, vers le centre de la terre, et que, comme elle ne décrit pas un cercle, mais une ellipse ou ovale, le mouvement est accéléré lorsqu’elle s’approche de la terre, et retardé quand elle s’éloigne. Nous n’entrons pas dans les calculs, mais on doit comprendre comment ils sont possibles, et comment, étant connus la vitesse d’un corps qui descend à la surface de la terre, la distance de la terre à la lune, la loi suivant laquelle décroît la pesanteur, le chemin parcouru par la lune en un temps donné, on en peut conclure si la forte qui agit sur la lune est de même nature que la gravité, et si tout corps porté à la même distance de la terre, jeté dans la même direction et avec la même vitesse que la lune, parcourrait le même orbite. Ces phénomènes sont si semblables en tout, qu’ils doivent procéder de la même cause.
Depuis Copernic, la terre n’était plus au centre du monde, c’était une simple planète. Newton pensa bientôt que cette puissance qui dirige la lune devait diriger la terre elle-même, et que d’une explication si heureuse et si exacte de son mouvement, on pouvait déduire celle de tous les mouvemens curvilignes du système solaire. Le soleil devait agir sur toutes les planètes qui décrivent leurs orbites autour de lui, les attirer suivant les lois trouvées pour la gravité, et la pesanteur devint la gravitation universelle. Newton démontra que les planètes sont accélérées dans leur mouvement à mesure qu’elles s’approchent du soleil et retardées dans la proportion où elles s’en éloignent, que la puissance qui infléchit leur route en une ligne courbe