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doit résider dans le soleil, que cette puissance varie toujours de la même manière que la gravité de la lune vers la terre, et qu’une planète doit avoir une rapidité d’autant plus grande qu’elle est plus proche du soleil. Autour des planètes se meuvent des astres plus petits appelés satellites, qui jouent vis-à-vis d’elles le rôle des planètes vis-à-vis du soleil. Newton a vérifié que ces satellites sont maintenus dans leurs orbites par la force de la gravité, et que leurs courbes sont décrites suivant la même loi. Ils sont d’ailleurs entraînés aussi par la gravitation dans un mouvement commun autour du soleil, comme dans un vaisseau toutes les actions mutuelles des corps sont les mêmes que si l’espace était en repos, tandis que tout est entraîné à la fois dans une direction constante. Les irrégularités que l’on observe parfois dans le mouvement des astres tiennent d’ailleurs à toutes ces forces qui agissent dans des sens divers, car une planète est attirée par le soleil, par les autres planètes et par les satellites eux-mêmes ; mais les déviations qu’elle éprouve sont très faibles à cause de la force d’attraction du soleil et de sa masse supérieure. Les irrégularités ne sont guère sensibles que dans les mouvemens de Jupiter et de Saturne à cause de leur grandeur. Les comètes elles-mêmes se meuvent en vertu de l’attraction et suivent la courbe décrite par un boulet lancé dans l’espace, une parabole. Quant aux étoiles fixes, elles sont placées à une distance si immense, que leur gravité vers le soleil ne peut avoir sur elles d’effet sensible en plusieurs siècles. La gravité diminue en raison du carré de la distance, et la plus proche de ces étoiles est à une distance qui surpasse plusieurs centaines de mille fois celle de la terre au soleil. La force qui l’attire vers le soleil doit donc être 10 milliards de fois moindre que celle qui attire la terre.

La gravité n’est pas propre aux corps célestes, et de même qu’une pierre lancée gravite vers la terre, la terre gravite vers cette pierre. En un mot, tous les corps s’attirent en raison directe de leur masse, en raison inverse du carré de leur distance. Cette loi d’attraction ne s’applique pas seulement aux corps tout entiers, tels que la terre ou le soleil ; chaque particule de matière y est soumise, et c’est ce qui explique comment tous les corps, lorsque leur chute n’est point retardée par le frottement ou la densité de l’air, tombent avec la même rapidité, car il faut dix fois plus de gravité pour faire parcourir à un corps dix fois plus lourd qu’un autre un espace égal dans le même temps. Cette attraction universelle semble ne pas s’exercer sur la terre, parce que les frottemens, la résistance de l’air s’opposent aux mouvemens des corps ; mais la théorie et le calcul, qui suffisent pour la démontrer, n’en sont pas les seules preuves. Un physicien anglais, Cavendish, a construit un appareil ingénieux où des boules de platine