VASES CHINOIS
ET
LES VASES GRECS
I.
Un peuple a toujours tort de se laisser représenter sous des traits grotesques : les étrangers le prennent au mot, ils jureraient même que l’original est flatté, comme les gens que l’on marie à distance et qui s’étudient sur portrait. Cette réflexion ne m’est point inspirée par les caricatures où les Parisiens sont ravis de se reconnaître, ni par les vaudevilles bouffons où les étrangers observent gravement nos mœurs. Je pense aux Chinois, qui nous envoient à travers les mers leur type répété à l’infini, type plein de finesse, mais ridicule, souriant, maniéré, et surtout contrefait.
Les savans qui veulent décrire les habitans du Céleste-Empire ne consultent point les laques et les porcelaines. Le public ne voit guère de Chinois que sur les vases, il les voit peints par eux-mêmes, il retrouve partout un certain idéal, — une tête ronde, de larges oreilles, une seule mèche de cheveux, des yeux fendus jusqu’aux tempes, une bouche grimaçante, un gros ventre, des gestes propres à exciter le rire, des vêtemens éclatans et vides sous lesquels des formes sans proportions sont à peine indiquées. Cet idéal est peu fait pour toucher la race caucasienne, elle en plaisante, et, pour