son siège de sénateur pour la Californie. Le nom de M. Fremont réunit aussitôt tous les suffrages, et jamais candidature ne fut accueil lie avec une si grande faveur. On nous permettra deux citations qui feront connaître et les opinions du candidat et l’esprit qui avait dicté aux électeurs un pareil choix. Interrogé sur ses sentimens relativement à l’esclavage, M. Fremont avait répondu dans une lettre :
« On a failli à la foi promise en rapportant le compromis du Missouri. Je m’associe de tout cœur à tous les efforts qui ont pour but de remédier aux funestes conséquences de ce manque de foi. Je suis opposé à l’esclavage en principe, et d’après des convictions que des idées depuis longtemps arrêtées n’ont fait que développer et fortifier en moi. Je suis inflexible dans l’opinion qu’il ne faut point toucher à l’esclavage partout où il existe sous la protection de la souveraineté des états ; mais je suis aussi inflexiblement opposé à son extension sur le territoire américain en dehors de ses limités actuelles. »
Quand le choix de la convention fut tombé sur lui, il s’exprima ainsi dans la lettre par laquelle il accepta la candidature :
« Si je suis élu à la présidence, j’apporterai dans mes fonctions la sincère détermination de chercher le bien du pays tout entier, et d’employer en vue de ce but unique tout le pouvoir du gouvernement, sans m’occuper des luttes des partis et sans avoir égard aux rivalités territoriales… Je m’efforcerai de gouverner conformément au véritable esprit de la constitution, telle qu’elle était comprise par les grands hommes qui l’ont rédigée et votée, et de façon à préserver à la fois la liberté et l’Union. »
Respect à l’esclavage partout où il existe, résistance insurmontable à ses progrès ultérieurs, ainsi pouvaient se résumer les opinions de M. Fremont et celles des nombreux états qui l’adoptaient pour leur candidat. C’est la doctrine des free-soilers. On avait pensé à porter à la présidence un des hommes considérables de l’ancien parti whig, M. Johnston, très populaire dans la Pensylvahie, où son influence personnelle aurait pu contre-balancer celle de M. Buchanan ; mais il fallait donner une satisfaction aux free-soilers purs : on fit la faute d’écarter M. Johnston et de lui préférer M. W. L. Dayton, du New-Jersey. Les Opinions de M. Dayton étaient celles de M. Fremont. Voici en quels termes il accepta la candidature :
« Je déplore les luttes territoriales : je n’ai point contribué dans le passé, je ne contribuerai point dans l’avenir à provoquer de semblables luttes ; mais le rappel du compromis du Missouri et par suite l’extension de l’esclavage ne sont pas des questions soulevées par nous. Ce sont des questions qui nous sont imposées, et nous sommes dans le cas de légitime défense. La portion du pays qui soulève de tels débats en doit porter la responsabilité : c’est l’attachement à des intérêts locaux qui a mis à néant les compromis autrefois acceptés et qui cherche à introduire par la force l’esclavage dans le Kansas. »