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UNE
MISSION GEOLOGIQUE
EN GRECE



En 1853, au retour d’un voyage en Orient, je m’arrêtai dans la ville d’Athènes. Les Grecs d’aujourd’hui, avides de nouvelles comme au temps d’Alcibiade, s’entretenaient des animaux fossiles découverts près du mont Pentélique. Jusqu’au milieu du siècle dernier, ces êtres anciens auraient été rangés au nombre des victimes du déluge biblique. Il est maintenant reconnu que le grand cataclysme dont parlent nos livres saints fut étranger à l’enfouissement de la plupart des animaux ou des plantes que nous trouvons dans le sein de la terre. Les fossiles sont les restes de ces générations de plantes et d’animaux qui apparurent et disparurent successivement pendant la durée des âges antérieurs à la création de l’homme. Un intérêt puissant, une sorte de vénération s’attache à ces médailles de l’histoire du vieux monde ; quelque chose de mystérieux les environne. La science reconnaît dans ces débris les témoins des premières œuvres de la création ; elle les interroge sur les voies que Dieu suivit pour créer et renouveler la vie. Nous apprenons par eux la géographie primitive du globe : les roches où nous découvrons des poissons ou des mollusques pétrifiés nous marquent la limite des lacs et des mers ; les ossemens d’animaux terrestres nous indiquent les lieux où les continens s’étendaient ; les débris de végétaux nous représentent les anciennes forêts. Ainsi les fossiles éclairent un grand nombre de questions que jusqu’à ce jour il avait semblé impossible de résoudre, et c’est avec raison que les Athéniens se préoccupaient des ossemens découverts près du mont Pentélique, quand je passai dans