daves de quinze jours, cette concession en effet était une satisfaction morale pour la France, un moyen de sortir de toutes les difficultés ; mais il est bien évident, que le résultat du scrutin eût été le même. Rien n’était changé ; il n’y avait qu’un embarras actuel de moins. En voulant trop complètement triompher, on a mis les quatre puissances dans l’obligation de faire revivre tous leurs griefs et de rompre, avec la Turquie, et lorsque la France, dans le feu de cette crise, s’est tournée vers l’Angleterre pour examiner de plus près avec elle cette situation, pour peser tous les faits, toutes les circonstances qui caractérisent cette étrange question des principautés, que pouvait faire le gouvernement anglais ? L’évidence était là ; lord Palmerston n’a point hésité, il faut le dire : il a déclaré que l’Angleterre allait demander avec la France l’annulation des dernières opérations électorales de la Moldavie. L’Autriche suivra l’Angleterre sans doute. La Turquie ne pourra manquer de se rendre à une demande faite au nom de toutes les puissances. Quant à lord Stratford et à M. de Prokesch, il est certain que leur triomphe est notablement diminué et que leur situation devient difficile à Constantinople. Il serait sans doute assez curieux de voir ces deux hommes d’état demander à la Porte l’annulation des élections moldaves, après l’avoir détournée, il y a peu de temps, d’accorder le plus simple ajournement. Ce n’est là du reste que le plus petit côté de la question. De toute cette crise rapide et dangereuse, on pourrait dégager une double lumière. Les événemens qui viennent de s’accomplir, il faut bien l’avouer, montrent l’empire ottoman sous un triste jour ; ils mettent à nu ses faiblesses, ses tergiversations et son impuissance. Les rivalités diplomatiques, dira-t-on, contribuent à l’affaiblissement de la Turquie. Rien n’est plus vrai ; mais on ne remarque pas que ces rivalités tiennent précisément à l’état indéfinissable de cet empire, redevenu si promptement une cause d’inquiétude pour l’Europe au lendemain d’une guerre soutenue pour son indépendance. On pourrait se demander combien il faudrait de crises de ce genre pour aggraver singulièrement la position de la Turquie. Il y aurait un autre fait à observer. Un moment, par suite du conflit survenu à Constantinople, on a vu l’Europe coupée en deux. D’un côté étaient la France, la Russie, la Prusse, le Piémont ; de l’autre, l’Angleterre et l’Autriche. Ces rapprochemens sans doute étaient l’œuvre d’une circonstance passagère, ils tenaient à un fait spécial de la politique ; ils ont cependant une signification, et peut-être serait-il dangereux de laisser se reproduire souvent de tels spectacles. D’où venait au surplus la gravité des derniers incidens ? Elle tenait principalement, on peut le dire, à ce que la France et l’Angleterre étaient dans deux camps divers ; cela est si vrai, que le jour où l’entrevue d’Osborne a rétabli un complet accord d’opinions et de conduite entre les deux pays, la crise a semblé disparaître. Rien ne prouve mieux la nécessité, la puissance et l’efficacité de l’alliance entre la France et l’Angleterre.
S’il n’y avait ce triste procès qui vient de se dérouler en cour d’assises et où l’on retrouve tout ce travail de conjurations obscures, de complots odieux et subalternes, noués par des passions meurtrières ; s’il n’y avait ce triste procès, les affaires de la France suivraient leur cours uniforme, ce cours invariable de tous les jours, qui n’a été un moment interrompu que par les