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L’ÉGYPTE
SOUS
LE GOUVERNEMENT DE SAÏD-PACHA



L’Europe occidentale attache un grand prix à l’intégrité de l’empire ottoman. Elle vient de faire un effort suprême ; elle a prodigué ses trésors et son sang pour sauver cet empire, attaqué par un puissant voisin. La cause si vaillamment défendue a pu trouver dans le principe les opinions partagées. Aujourd’hui, en France et en Angleterre surtout, elle ne peut plus être envisagée que sous un seul et même aspect. Les sacrifices qu’elle nous a imposés l’ont grandie, nous l’ont rendue chère, et l’ont mise en quelque sorte au-dessus de toute discussion : seulement il est bien entendu que l’empire ottoman doit s’aider lui-même, et ce n’est que par une transformation, chaque jour plus complète, qu’il se mettra en mesure de maîtriser ses destinées sans avoir à faire de constans appels à l’Europe.

Cette œuvre de transformation a été commencée heureusement depuis près d’un demi-siècle déjà ; elle a été entreprise à la fois au nord et au midi de l’empire par deux hommes dont les noms seront toujours honorés dans les annales de la Turquie. L’un de ces hommes était le sultan Mahmoud, l’autre le pacha d’Égypte Méhémet-Ali. Quand ils prirent en main simultanément la réforme des institutions de l’Orient, la Turquie et l’Égypte étaient en pleine dissolution. Leurs efforts n’ont pas été infructueux ; on dirait que le vieil arbre veut reverdir. Il y a certainement beaucoup à faire encore pour lui rendre la vigueur, il renferme toujours bien des élémens