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Page:Revue des Deux Mondes - 1857 - tome 11.djvu/373

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maintenant une géographie souterraine de l’Angleterre presque aussi connue que la géographie superficielle, avec des provinces dont on a marqué les limites, des climats différens depuis la température de la zone torride jusqu’à celle de la Sibérie, de profondes mers aujourd’hui desséchées et comblées, d’anciens fleuves, des golfes dont on retrouve le lit, des forêts pétrifiées, des habitans éteints, mais dont les mémoires de la terre, écrits par elle-même, nous ont conservé les principaux traits, les mœurs, l’ordre de succession à la surface des îles britanniques.

Parmi les établissemens de l’Angleterre consacrés à l’histoire, si l’on peut ainsi dire, anté-historique du pays, nous choisirons comme théâtres principaux de nos études la collection géologique du British Muséum, le Muséum of practical Geology, le cabinet de la Société de Londres, Geological Society of London, les lacs et les îles géologiques du Palais de Cristal.

Le British Muséum, cette colossale cité des arts et des sciences, doit son origine aux soins d’un médecin éminent de Londres, sir Hans Sloane, qui mourut à Chelsea en 1753. Durant une vie longue et occupée, sir Hans avait rassemblé une bibliothèque riche en livres et en manuscrits, avec diverses antiquités, des ouvrages d’art, des médailles, des exemplaires d’histoire naturelle. À sa mort, le vieux médecin [physician) proposa par testament à l’état d’acheter sa collection au prix de 20,000 livres sterling, 30,000 livres de moins qu’elle ne lui avait coûté. Le parlement d’alors accepta l’offre. Cette collection, accrue de la Bibliothèque Cottonienne[1], Cottonian Library, et d’un autre dépôt scientifique, connu sous le nom de Harleian library of manuscripts, fut d’abord établie en 1754 dans Montagu-House, où elle forma le noyau d’un musée national. En 1801 arrivèrent d’Alexandrie les antiquités égyptiennes, et ces massifs monumens, qui menaçaient le plancher d’une ancienne maison particulière, suggérèrent l’idée de bâtir un édifice plus digne de la nation britannique. De 1828 à 1846 fut successivement ouvert au public le monument actuel, dont l’architecture sévère, les proportions étendues, une forêt de colonnes de l’ordre ionique, une grille massive, forment à l’extérieur les principaux traits. Nous n’avons point à nous occuper cette fois des différentes branches si riches de cet établissement national : la sculpture, les antiquités, les médailles, la bibliothèque[2], l’histoire naturelle ; l’objet de nos

  1. Ainsi appelée parce qu’elle avait été formée par sir Robert Cotton, de Conningham, durant les règnes d’Elisabeth et de Jacques Ier.
  2. Signalons pourtant l’ouverture toute récente de la nouvelle salle de lecture, new reading room, véritable palais élevé à l’étude.