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Henri de La Bèche fut attaché à la commission connue sous le nom de Ordnance Survey. Ses travaux attirèrent l’attention des hommes d’état ; de son côté, il représenta au chancelier de l’échiquier que les savans employés dans l’enquête géologique du royaume avaient l’occasion constante, laquelle ne devait pas être perdue, de rassembler des minerais, des matériaux bruts traités dans les manufactures, des pierres à bâtir. Il fit ainsi valoir l’importance d’un muséum qui montrerait les spécimens de la richesse minéralogique du pays. Cet avis fut goûté. Ayant obtenu la jouissance d’un local dans Craig’s Court et une somme d’argent d’ailleurs fort limitée, il forma le noyau de la collection actuelle, qui resta longtemps comme ensevelie dans l’obscurité sous le nom de Muséum of économie Geology. Ceci fait, il attacha au nouvel établissement des hommes de science capables de lire les caractères mystérieux de la nature. Ce musée s’enrichit bien vite avec la connaissance chaque jour plus profonde du sol britannique. Il devint nécessaire de bâtir un nouvel édifice. De La Bêche convainquit les membres du gouvernement, surtout sir Robert Peel, que l’intérêt et la dignité du pays réclamaient un monument spécial consacré à la géologie nationale. Le nouveau bâtiment fut ouvert au public le 14 mai 1851 ; c’était comme un temple élevé à Tellus. Le but de l’institution était inscrit dans son titre : Muséum of practical Geology. C’était la géologie appliquée aux arts utiles. Cette collection comprend trois ordres de richesses naturelles : 1° les spécimens caractéristiques des marbres de la Grande-Bretagne, serpentines, granits, pierres à bâtir et autres matériaux utiles à l’architecte, au sculpteur, 2° les minerais, 3° les roches qui servent à illustrer, comme on dit en anglais, la structure des îles britanniques. On ne se contente pas de montrer ces produits dans leur état naturel : l’œil suit le passage des pierres ou des métaux bruts aux besoins du commerce, et les outils qui servent à les travailler. Vous voyez ainsi le fer devenir fonte, acier, et revêtir mille formes délicates. Rien ne ressemble moins aux divers métaux dans leur robe grossière que ces métaux eux-mêmes quand ils ont fait leur toilette. L’établissement ne se propose pas seulement de montrer les applications de la géologie aux besoins de la vie, il raconte par des monumens l’histoire des événemens qui ont dessiné la figure actuelle de la Grande-Bretagne. Les fossiles britanniques sont rangés dans l’ordre des couches où ils se rencontrent ensevelis, depuis les formes les plus anciennes de la vie jusqu’à celles qui se rapprochent le plus de notre époque. Ce muséum est une annexe de l’École métropolitaine des sciences, fondée en 1851. Le mode d’instruction se fait surtout par des cours de chimie, de métallurgie, de géologie, d’histoire naturelle. Ces cours ont lieu dans un théâtre qui