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soit d’après la théorie par laquelle Gauss a tenté de lier les diverses données de l’observation, sont des travaux de premier ordre.

À Paris, depuis l’époque des premières observations précises, l’inclinaison de l’aiguille a toujours été en diminuant, et rien ne nous indique l’époque où finira ce mouvement vers la position horizontale ; l’intensité varie aussi un peu et va en s’affaiblissant légèrement. Ainsi que je l’ai dit plus haut, l’aiguille aimantée pointait au nord en 1666. Elle était à sa plus grande excursion à l’ouest pour sa pointe nord en 1816, c’est-à-dire cent cinquante ans après. Probablement, vers 1966, elle pointera de nouveau exactement au nord comme en 1666. Il paraît certain que son excursion à l’est se fait en moins de temps que son excursion vers l’ouest, ce qui reviendrait, pour égaliser les deux périodes, à prendre pour état moyen non pas le méridien terrestre, mais bien une ligne dirigée sensiblement à l’ouest. L’aimantation du globe serait alors un peu de biais par rapport à sa figure sphéroïdale. Rien d’extraordinaire dans cette manière de voir, car si l’aimantation de la terre provient, suivant toute probabilité, des courans électriques qui circulent dans son ensemble, rien ne garantit la symétrie absolue de perméabilité, d’épaisseur des couches, de chaleur, de mouvement, et de toutes les circonstances qui influent sur le cours de ces fleuves de fluide électrique.

Il y a trente ou quarante ans, quand on ne savait pas que l’électricité était la cause du magnétisme, on attribuait l’aimantation du globe à des particules ferrugineuses disséminées dans cette vaste masse ; mais alors les variations journalières de l’aiguille auraient été assez difficilement expliquables. Depuis peu, M. Faraday et M. Edmond Becquerel ont trouvé que l’oxygène de l’air (un gaz !) est magnétique. M. Faraday a même rattaché au magnétisme de cette portion de l’atmosphère les variations diurnes de l’aiguille ; mais là, comme en bien d’autres points du sujet que je traite ici, nous n’avons pas le dernier mot de la science.

Si l’on possédait une aiguille ou un barreau aimanté dont le magnétisme lut invariable, on pourrait, en voyant quelle force il faut pour le faire dévier de sa position d’équilibre, reconnaître de jour en jour, d’année en année et de siècle en siècle, comment varie la force magnétique du globe. Malheureusement les barreaux d’acier se désaimantent peu à peu, et pendant la durée d’un voyage même de moins d’un an, on est embarrassé pour juger de la déperdition graduelle de la force des barreaux et des aiguilles. Il a fallu chercher des combinaisons bien savantes pour avoir la mesure absolue de la force magnétique de notre globe. Je vais essayer de faire comprendre l’esprit de la méthode qui, dans le beau mémoire de Gauss,