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général Sabine, qui est aujourd’hui la grande colonne de la science magnétique du globe, le général Sabine, dis-je, a établi que c’est au moment précis où le soleil traverse l’équateur que se fait l’inversion dans le sens du mouvement journalier de l’aiguille ; mais comment cela se fait-il ? Je l’ignore, nous l’ignorons, tous l’ignorent. Triste conjugaison ! Attendons.

Passons à l’inclinaison. Si un ouvrier fait une aiguille bien pareille par les deux bouts et bien en équilibre avant qu’elle soit aimantée, on s’aperçoit tout de suite que la pointe nord, quand elle a été soumise à l’action des barreaux aimantateurs, penche sensiblement vers la terre, et que la position naturelle de l’aiguille serait plongeante avec la pointe nord en bas. On observe la même chose quand on promène une aiguille aimantée au-dessus d’un long barreau aimanté ; alors la pointe la plus voisine du pôle dont on s’approche s’abaisse vers ce pôle. On a construit des aiguilles portées par un axe horizontal qui les traverse et qui les laisse libres de prendre la direction qui leur convient. Cet appareil s’appelle aiguille d’inclinaison. On voit alors qu’en France l’aiguille est fortement inclinée, et qu’elle est même plus voisine de la verticale que de l’horizontale. De la ligne horizontale jusqu’à l’aiguille, il y a environ 68 degrés. Alors la pointe nord, qui est abaissée, n’est pas éloignée de la verticale d’une quantité égale à la moitié de la longueur de celle-ci. Si la moitié plongeante de l’aiguille avait, par exemple, un décimètre ou 100 millimètres, sa pointe inférieure ne serait éloignée de la verticale, passant par le centre de l’aiguille, que de 37 millimètres. Il y a sur le globe deux points où l’aiguille pointe précisément en bas vers la terre, ce sont les deux pôles magnétiques où tous les méridiens de M. Duperrey viennent aboutir. Il y a aussi une série de points où l’aiguille est horizontale et où ni l’une ni l’autre des extrémités ne s’incline sous l’horizon. C’est l’équateur magnétique ou ligne sans inclinaison. On a encore tracé sur les cartes géographiques les lignes d’égale inclinaison, puis les lignes suivant lesquelles l’aiguille pointe juste au nord, puis celles suivant lesquelles l’aiguille dévie du méridien géographique d’une quantité égale : ces dernières lignes s’appellent lignes d’égale déclinaison ; quant aux lignes d’égale intensité, elles sont perpendiculaires aux méridiens magnétiques, suivant la loi de Duperrey, et le tracé des méridiens magnétiques en donne la direction immédiatement. Il faut se hâter de dire que l’inclinaison et l’intensité ont, comme la direction horizontale de l’aiguille, leurs variations journalières, annuelles et séculaires enregistrées pour chaque localité. Avec le nom de M. de Humboldt, je devrais mentionner ceux de Gauss, de Weber et d’Erman : les cartes de ces deux derniers, tracées soit d’après les faits individuels,