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admirer, et si l’on retranchait les portraits, et particulièrement les Van-Dyck, il y aurait un sévère triage à faire parmi les toiles qui resteraient à classer. C’est en bloc surtout qu’il faut juger la décoration et même l’architecture de ces résidences presque princières, et ainsi elles tiennent ce qu’on en peut attendre. Il y en a peu qui, à leur magnificence propre, joignent l’agrément d’une belle vue on d’un beau jardin. Quelques-unes néanmoins, bien que renfermées dans la large enceinte de la ville, ont un air de maisons de campagne et jouissent de ces deux avantages. Tel était un palais Pallavicini transformé en collège, et le palazzino Negri, dont le jardin un peu escarpé a la richesse d’un jardin botanique. L’hôtel rougeâtre et la maison de marbre du comte Serra, au pied du terre-plein de la promenade d’Acqua-Sola, sont des constructions nouvelles, entourées d’un jardin élégamment soigné; mais le public n’y est pas admis. Parmi les vrais et anciens palais, deux donnent sur la mer. L’un est le palais royal, autrefois Durazzo, qui, encore que meublé d’une manière disparate, est agréablement riche, et que des serres, des terrasses, des parterres lient à la droite du port de manière à lui en donner la vue générale, en lui cachant presque tous les détails moins agréables à voir. L’autre est le palais Doria ou del Principe, séparé des parties les plus fréquentées de la ville. Deux statues d’André Doria, l’une en géant, l’autre en Neptune, ornent des jardins embellis de bassins et de jets d’eau, et de là les yeux embrassent de l’ouest à l’est toute l’étendue de la darse. Les appartemens sont presque nus, et il faudrait beaucoup d’argent pour les meubler dignement; mais ils sont bien tenus. Les peintures des plafonds et des frises, accompagnées souvent de reliefs en plâtre, font honneur à Perino del Vaga, qui avait travaillé aux Loges de Raphaël et qui s’est ici rappelé la manière de son maître.

A la municipalité, ancien palais Grimaldi, il faut remarquer des fresques bien conservées, qu’on a suspendues dans le vestibule après les avoir détachées de leur place originaire. Elles représentent les divers épisodes de la visite de don Juan d’Autriche à Gênes, et quoique ce soient des sujets un peu froids, elles joignent au mérite d’une bonne exécution le mérite plus rare d’un caractère vraiment historique. C’est une chose singulière que la rareté de ce caractère dans toute la peinture antérieure aux deux derniers siècles, et surtout dans la peinture italienne. Les sujets sacrés sont assurément excellens, s’ils ne sont les meilleurs; mais ne s’y est-on pas attaché trop exclusivement? D’ailleurs la plupart sont des événemens de l’histoire sainte, et comme tels ils auraient pu être traités quelquefois avec un peu plus d’attention pour la réalité. Je dis quelquefois; je ne regrette pas qu’on ait introduit, comme le Pérugin et