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UN NATURALISTE

M. AGASSIZ ET SES TRAVAUX.
SES THEORIES SUR LA PLURALITE DES CREATIONS ET LA CLASSIFICATION DES ETRES.



Le savant qui s’applique à la découverte des grandes lois naturelles peut trouver un sujet d’étude jusque dans les lieux où rien ne fixe l’attention d’un observateur superficiel. On s’explique pourtant que la curiosité scientifique soit plus vivement excitée et devienne plus féconde dans les contrées où la nature semble s’être complu à rapprocher les spectacles les plus variés et les plus magnifiques. La Suisse est une de ces régions privilégiées : quel voyageur arrivant de la France par un beau jour et parvenu au sommet de la dernière crête du Jura n’a pas, en apercevant la chaîne des Alpes et ses neiges éternelles, senti confusément qu’il approchait d’un pays de merveilles ? Les paysages alpestres ont inspiré à Rousseau quelques-unes de ses pages les plus célèbres, à Byron ces vers immortels qui sont dans toutes les mémoires, et où, par un art infini, il a su allier une étonnante précision de traits au sentiment poétique le plus élevé. Visitées chaque année par une multitude de touristes venus de tous les points de l’univers, les Alpes sont aussi une terre classique pour tous ceux qui étudient les sciences naturelles, et qui viennent y suivre la trace des maîtres les plus fameux. Faut-il rappeler le nom de Saussure, qui le premier fit l’ascension du Mont-Blanc, trop souvent répétée depuis sans nécessité ? Oeuvre d’un observateur profond en même temps que d’un véritable amant de la nature, le Voyage dans les Alpes sera toujours relu avec un vif