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ralement ce qui en a causé la rupture. Pour l’amoindrir, il n’y a qu’un seul moyen : c’est celui qu’on emploie sous mille formes diverses, dans les innombrables applications de la mécanique, pour atténuer l’effet des chocs et des secousses, et dont les ressorts de nos voitures donnent un exemple familier. Le problème à résoudre consiste donc à tenir le câble constamment suspendu par un mécanisme énergique. M. Victor Beaumont, ingénieur à New-York, propose de faire passer le câble sur une forte poulie qui pourrait se mouvoir de bas en haut et de haut en bas, et qui serait suspendue à un puissant ressort. De cette façon, au moment où l’arrière du navire serait soulevé par la vague, la poulie s’abaisserait d’elle-même autant que le vaisseau s’est élevé; le câble conserverait toujours à peu près la même tension. Pour qu’un ressort semblable pût amortir complètement les secousses que le navire imprime à la corde métallique qui traîne derrière lui, il faudrait que la poulie qui s’y trouve suspendue pût s’élever et s’abaisser au moins de 5 ou 6 mètres. Il n’est pas nécessaire d’être familier avec la mécanique pour comprendre que les organes d’une machine ne peuvent impunément faire des bonds aussi effrayans. Il y a heureusement un moyen fort simple de les atténuer, tout en atteignant le même but. Au lieu d’une poulie unique, je proposerais d’en employer dix. Cinq d’entre elles seraient alignées horizontalement les unes à côté des autres et suspendues à des ressorts qui se comprimeraient de bas en haut. Les cinq autres, disposées au-dessous des premières, seraient soutenues par des ressorts qui pourraient être comprimés de haut en bas. Le câble passerait alternativement au-dessus d’une des poulies supérieures et au-dessous d’une des poulies inférieures, en formant ainsi une ligne serpentine dont les inflexions seraient d’autant plus fortes que le câble serait plus tendu. Si la partie du navire qui porte la machine s’élevait subitement, par exemple, de 5 mètres, chacune des poulies n’aurait à effectuer qu’une oscillation de 5 décimètres, pour atténuer la secousse qui autrement serait imprimée dans toute sa force à la corde métallique. Il est très facile d’imaginer des dispositions qui, dans cette limite, rendraient ces oscillations très faciles, et sans aucun danger pour le déroulement du câble. Au lieu de ressorts en métal ou en gutta-percha, il serait sans doute plus convenable d’employer des cylindres remplis d’air comprimé; le mouvement ascensionnel ou descendant des poulies sur lesquelles passerait le câble se communiquerait aux pistons, qui, en se mouvant dans les cylindres, feraient varier la résistance du gaz.

Il est impossible de faire cette année une nouvelle tentative pour établir le télégraphe atlantique. On a reconnu la nécessité d’employer une plus grande quantité de câble. Au lieu de 4,000 kilomètres, on en chargera la prochaine fois 5,000. Il faut se résigner à laisser descen-