Page:Revue des Deux Mondes - 1857 - tome 11.djvu/833

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de Vienne. Les relations commerciales entre les deux états ne dépassaient point Lyon et se bornaient à nos départemens du midi. Enfin la Savoie, dont le dévouement n’avait jamais reculé devant un sacrifice à faire à la patrie commune, méritait de participer promptement aux avantages que les nouveaux moyens de communication assurent à tous les pays. Toutefois les difficultés à vaincre pour arriver à ce double résultat étaient si grandes que le gouvernement sarde n’aurait peut-être de longtemps pu les surmonter, s’il n’avait trouvé du côté de la France un indispensable concours. Heureux privilège de notre génie de porter au-delà de nos frontières le bienfait de nos idées ou le secours de nos aptitudes multiples! Heureuse croisade de l’esprit moderne qui entreprend, partout où les ressources locales font défaut, la régénération matérielle des pays les moins favorisés, et qui a déjà prêté le concours de ses forces pacifiques à l’Autriche, à l’Espagne, aux états de l’église, à la Savoie, à la Russie !

Au mois de mai 1853, le gouvernement sarde concéda à une compagnie française un chemin de fer de Modane à la frontière de France et à Genève par Chambéry. Les charges de l’entreprise incombaient toutes aux concessionnaires, l’état garantissait seulement un intérêt de 4 1/2 pour 100 sur le capital dépensé. En 1854, la compagnie dut obtenir des modifications qui restreignaient l’étendue de son entreprise et la quotité de ses dépenses; mais en 1856, après la conclusion de la paix, de nouvelles conventions rendirent au projet toute son importance et assurèrent l’exécution d’un réseau qui reliera non-seulement la France à la Savoie et la Savoie au Piémont, mais fera partie d’une grande ligne internationale qui de la Manche aboutira à l’Adriatique, et mettra ainsi en communication directe l’Occident et l’Orient.

Réduit d’abord en 1854 à la ligne de Saint-Jean de Maurienne à Aix et à Chambéry, mais porté en 1856 à Annecy pour se diriger sans doute plus tard jusqu’à Genève, et rejoignant à Culoz la ligne française de Genève à Lyon, le chemin Victor-Emmanuel se prolongera maintenant jusqu’à Modane et à Suse en traversant le mont Cenis. Enfin la compagnie concessionnaire a racheté les lignes de Suse et de Novare, et a hérité des arrangemens que la compagnie de Novare avait faits avec les propriétaires des chemins de Bielle, de Verceil et d’Ivrée, pour se charger de l’exploitation de ces trois tronçons. L’ensemble du réseau constitue ainsi un parcours de plus de 400 kilomètres propres à la compagnie Victor-Emmanuel et de 500 exploitables par elle, dont 230 sont déjà livrés à la circulation.

Au nombre des travaux à entreprendre par suite du tracé définiti-