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un embranchement d’Alexandrie à Acqui (30 kil.). D’Alexandrie à Stradella, un chemin de 68 kil. ouvre une communication directe avec le duché de Plaisance.

Cet ensemble, qu’on peut appeler le réseau de l’est, auquel il faut joindre la petite ligne de Gênes à Voltri (12 kil.), et qui comprend 593 kilomètres, était jusqu’à présent complet : il desservait en effet le commerce d’échange et de transit avec la Lombardie et les duchés italiens; par le Lac-Majeur, il mettait le Piémont en relation avec les cantons ouest de la Suisse; enfin il établissait des rapports intérieurs suffisans entre la capitale, les provinces les plus riches du royaume et la Méditerranée, par où s’écoulent et affluent la plupart des produits. Il aurait en outre profité de tout l’accroissement commercial que l’établissement des chemins du Valais et du sud de la Suisse ne manquera pas d’apporter à la ligne d’Arona. Aujourd’hui il y a lieu de combler une lacune qui s’est faite depuis le vote de la loi par laquelle on a transféré à la Spezzia les établissemens de la marine militaire qui étaient à Gênes. L’arsenal maritime et les chantiers de la Spezzia devront être reliés au réseau de l’est pour se trouver à proximité de Turin, et c’est là une dépense à laquelle il devient urgent de procéder.

Quant à toute la partie située à l’ouest de Turin, on est loin de rencontrer un système de communications aussi complet et un ensemble de travaux achevés aussi satisfaisant. Sur ce point, l’industrie privée a construit trois lignes partant de Turin et aboutissant, la première à Suse (53 kil.), la deuxième à Pignerol (38 kil.), et la dernière à Coni, avec des sous-embranchemens sur Saluées et Bra, ensemble 116 kilomètres. Les deux lignes de Pignerol et de Coni ont pour tête le chemin de Turin à Alexandrie.

En subdivisant en deux parties cet ensemble des chemins de l’ouest, on remarquera d’abord le peu d’importance de ces deux lignes du sud-ouest, de Pignerol et de Coni, au point de vue des intérêts généraux du royaume. Quant à la ligne de Suse, rattachée au chemin Victor-Emmanuel, et qui fait partie d’un réseau qu’on pourrait appeler celui du nord-ouest, il y a lieu d’en parler avec quelque détail en raison de l’importance des intérêts français qui y sont engagés.

Le gouvernement sarde était préoccupé avant tout de ses relations avec l’Italie : il avait, sous ce point de vue, pourvu au plus pressé; mais il ne pouvait pas négliger le soin de ses rapports avec la France et avec la Suisse : il devait surtout songer à satisfaire aux besoins de communication de la Savoie. La France, si proche voisine du Piémont, en était cependant tellement séparée par des obstacles naturels, que Paris semblait plus éloigné de Turin que de Berlin et