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de l’émission, et qu’elle change cette valeur nominale toutes les fois que les circonstances l’exigeront. » Il faisait remarquer que si l’on frappait des pièces d’or du poids de 8 grammes au titre sacramentel de 9/10es de fin, ces pièces auraient à peu près exactement, au moment où l’on était, la valeur de 25 francs, qui est une division très commode de la somme de 100 francs. Il demandait qu’on adoptât cette pièce de 8 grammes au lieu de celle de 10, qu’avait décrétée la loi de l’an III. Il ajoutait que l’adoption de cette pièce de 8 grammes ne serait pas une dérogation au système métrique, qu’on appelait alors communément le système décimal[1].

Nous arrivons ainsi au consulat. Une fois le gouvernement consulaire bien assis, on aborda la question des monnaies, comme on reprenait les questions organiques en tout genre. Dans le rapport détaillé aux consuls que fit le ministre des finances Gaudin, et par lequel commença l’instruction nouvelle de l’affaire, on retrouve les trois caractères principaux qui déjà ont été mentionnés itérativement ici, et qui, réunis, devaient rendre absolument impossible le retour des abus par lesquels l’ancien régime s’est déshonoré en matière de monnaies : l’unité d’étalon, le choix de l’argent pour cette fonction et par conséquent la subordination de l’or, subordination d’ailleurs explicite dans ce travail, ainsi que la volonté d’établir un lien étroit entre le système monétaire et le système métrique, afin de garantir la stabilité du système monétaire.

Entre autres passages que je pourrais extraire du rapport de Gaudin, en voici un qui me semble bien significatif:


« Le projet de système monétaire que j’ai l’honneur de vous présenter,

  1. Nous avons donc cherché, est-il dit dans ce document, si, en conservant le même titre, on ne pourrait pas donner à la pièce d’or un poids tel que la valeur fût dans un rapport plus simple à la pièce de 5 francs. Nous avons trouvé assez heureusement qu’une pièce du poids de 8 grammes présente à cet égard tous les avantages qu’on peut désirer, car, si on en fixe la valeur à 25 francs, le rapport de l’or à l’argent devient 15 5/8 au lieu de 15 1/2, augmentation très petite et très admissible d’après l’avis des négocians.
    « D’un autre côté, comme le poids de 8 grammes s’accorde très bien avec le système décimal et que les pièces de ce poids seront taillées au nombre juste de 125 par kilogramme, vos commissaires pensent que toutes les convenances sont réunies en faveur de la pièce d’or du poids de 8 grammes, dont la valeur première serait fixée à 25 fr.
    « Il n’est pas besoin en effet de démontrer les avantages d’une pièce de 25 francs, qui, d’une part, s’échange exactement contre cinq pièces de 5 francs, et de l’autre sert à former les sommes rondes de 50 et de 100 francs, dont l’usage est très fréquent.
    « Il est vrai que lorsque la valeur relative de l’or aura éprouvé un changement sensible, la pièce de 8 grammes cessera d’avoir la valeur exacte de 25 francs; mais la différence ne sera sans doute pendant longtemps que d’une petite quantité qui pourra être arrondie et exprimée en centimes de la valeur originaire. On pourra donc toujours calculer d’après la valeur de 25 francs, sauf à ajouter la légère correction que la loi aura prescrite, et ainsi l’avantage du nombre 25 subsistera presque toujours dans son entier.»