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dans ce long espace de temps, ni l’abondance, ni la stérilité des mines n’avaient présenté la nécessité d’un changement dans la proportion de l’or avec l’argent. En 1785, époque de la refonte, on fabriquait dans les hôtels des monnaies autant de pièces d’or qu’on avait accoutumé d’en fabriquer. Aussi les auteurs de la refonte du ministre Calonne ont en vain cherché à justifier leur opération lorsqu’elle a été attaquée de toutes parts.……….

« Le montant de ces frais ne s’élèvera qu’à un demi pour 100; en divisant ce demi par cinquante années, on trouve une fraction si médiocre pour chaque année, qu’on se convaincra facilement que les motifs qui ont déterminé à rendre mobile la valeur de la pièce d’or ne méritent pas la considération qu’on y a attachée. Ce n’est qu’un centième d’unité pour 100. En supposant le montant de notre numéraire d’or à 800 millions, même à un milliard, les frais de refonte ne s’élèveraient qu’à 5 millions tous les cinquante ans. Que sont en effet ces légers frais de fabrication, comparés avec la difficulté de faire journellement des paiemens avec des pièces d’or d’une valeur fractionnée et mobile ? »


Gaudin parlait juste quand il signalait la modicité des frais d’une refonte. Au surplus il était d’opinion que ces frais seraient à la charge des particuliers possesseurs des espèces. Son rapport offre un chapitre entier intitulé : Question de savoir si les frais de fabrication des espèces et matières qui seront apportées aux monnaies pour être refondues ou retirées de la circulation doivent être à la charge du gouvernement. Il se prononce en faveur de la solution qui laisserait ce soin à la charge des particuliers. Au sujet de la refonte spéciale qui nous occupe ici, celle qui aurait pour origine une variation de valeur entre l’or et l’argent, j’ai déjà cité de lui ces paroles non équivoques : « Ces frais seront à la charge des propriétaires des espèces. » La dépense de la refonte, même modérée comme elle l’était, n’eût donc pas pesé sur l’état.

Mais Gaudin se trompait dans les inductions qu’il tirait de Inexpérience au sujet de la fréquence des refontes. Le passé lui semblait démontrer que le rapport entre l’or et l’argent pouvait se modifier et s’écarter d’une manière assez sensible de ce qui aurait été convenu, sans qu’un des deux métaux s’enfuît de la circulation, et par conséquent sans qu’il fût nécessaire de refondre les pièces d’or, les seules qu’on pût faire varier, de telle sorte que le courant des transactions ne cessât pas d’offrir les deux métaux en même temps. D’après l’exemple qu’il citait des pièces d’or fabriquées en 1726 sur le pied de 1 d’or contre 14 1/2 d’argent, qui restaient dans la circulation alors que le rapport des deux métaux était devenu celui de 1 à 15, il jugeait que les pièces d’or de 20 francs et de 40 francs continueraient à circuler sur une grande échelle, quand bien même au rapport de 1 à 15 1/2 un autre se serait substitué, qui fût sensiblement différent, tel que celui de 1 à 16 environ. Pour un homme