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Page:Revue des Deux Mondes - 1857 - tome 11.djvu/865

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affaire, sur l’avenir de la monnaie d’or qu’on allait fabriquer conformément à son plan. Par sa position comme par la pente naturelle de son esprit, Gaudin, avant tout, se plaçait au point de vue pratique. Il tenait moins à la rigueur des principes que la section des finances, et il reprochait à celle-ci de puiser ses opinions dans les livres, au lieu de consulter l’expérience, qui, disait-il, se trompe rarement. A son point de vue donc, il trouvait un grand inconvénient à ce que les pièces d’or ne fissent pas un nombre rond de francs; il estimait que ce serait une grande incommodité pour le public qu’on ne pût « échanger une pièce d’or sans recevoir toute sorte de menue monnaie, » et qu’on fût obligé, lorsqu’on aurait à faire un compte où figureraient des pièces d’or, « de recourir à la plume ou au crayon. » À cette objection, la section répondait que ce serait un bien plus grand inconvénient de recourir, comme le proposait Gaudin, à la refonte des pièces d’or toutes les fois que la valeur relative du métal aurait éprouvé quelque variation, qu’à ce compte on serait toujours à les refondre, puisque rien n’est plus mobile que le rapport de valeur entre les deux métaux précieux, et que ce serait une énorme dépense pour ceux à la charge desquels la refonte serait mise. Gaudin répliquait alors en niant que la refonte dût être, à beaucoup près, aussi fréquente qu’on le disait, et qu’elle pût être une opération dispendieuse. Sur le premier point, il représentait que la refonte ne devrait avoir lieu que tous les cinquante ans au plus, même en tenant compte de ce qu’à l’influence des changemens dans la production des mines se joignait celle de l’affaiblissement des pièces par la circulation, et il citait en preuve l’expérience faite de 1726 à 1785. A l’égard des frais de la refonte, il était plus affirmatif encore : il faisait le calcul de ce qu’ils pourraient être, et établissait par A + B que ce serait une somme relativement insignifiante; mais laissons-le parler lui-même.


« Voyons donc quelles sont les causes qui déterminent la refonte de l’or et quels en sont les frais. C’est de l’abondance ou de la stérilité des mines d’or et d’argent que l’on peut attendre la variation dans la valeur relative de ces métaux. Lorsque cette variation devient considérable, il est évident que la proportion entre l’or et l’argent doit changer. C’est là une cause déterminante pour refondre l’or; mais cette cause doit-elle se produire fréquemment? On ne peut se le persuader.

« La diminution du poids de la pièce d’or par une longue circulation met encore dans la nécessité de la refondre. Voilà, ce me semble, les deux seules causes qui obligent à la refonte ; mais cette dernière n’occasionne qu’une refonte partielle, celle des pièces trop usées.

« Ces deux causes réunies ne pourront produire d’effet sensible que tous les cinquante ans au plus, car, depuis 1726, les pièces d’or avaient circulé jusqu’à 1785 sans que leur empreinte eût reçu beaucoup d’altération, et.