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Leur aïeule était là dont l’âge encor sourit,
Jeune de cœur, jeune d’esprit.

Or, tous deux entraînés par la ronde folâtre,
Nous avons pris la main d’un pâtre.
Et le soir vit, mêlés sous ses rayons tremblans.
Les cheveux noirs, les cheveux blancs. —

Près de Ker-Véléan, votre agreste campagne.
Un chœur joyeux ainsi couronnait la montagne.

V.


SYMBOLES.


…. At illa
Flet noctem
VIRGILE.


I.


J’ai vu les légères colombes
Dans nos lacs se baigner, soupirer dans nos bois.
Et lisser leur plumage argenté sur les tombes.

J’ai vu les noirs corbeaux de leurs lugubres voix
Effrayer la montagne, et sur les pourritures
Hideusement chercher leurs infectes pâtures ;

Puis un être chagrin, sombre ennemi du beau,
À la face blêmie, au front âpre, à l’œil triste,
Admirait l’animal dévorant ; à la piste,
Il semblait tout au loin flairer quelque lambeau.

« O colombes ! laissez son horreur au tombeau !
Criait-il ; par la mort et l’effroi l’homme existe. »
Un Latin avait dit, sage et riant artiste :
« On blâme la colombe, on pardonne au corbeau. »

II.


Quand ton corps s’étendra dans sa couche de terre.
Sans chaleur, sans couleur, forme sans mouvement,
Le corbeau, ton ami, lentement, lentement,
De loin arrivera vers toi, parleur austère ;

Tu l’entendras, perché sur l’if du cimetière.
Emplir le champ des morts de son croassement,
Horreur ! et sur ton lit s’abattre bruyamment.
Et son bec dur sonner sur l’argile et la pierre !…