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anguleux ou arrondis, de grosseurs diverses, provenant des éboulemens qui ont suivi la production des dépressions du terrain primitif, et cimentés par une pâte de même nature, généralement empruntée à la roche encaissante. La formation qui est venue à la longue combler ces dépressions ne se compose pas seulement de couches de la substance minérale qui lui a donné son nom ; celles-ci n’y constituent au contraire qu’une fraction minime, un trentième au plus de la formation, qui comprend encore, indépendamment du conglomérat que je viens de mentionner, une série de couches indistinctement alternées de grès et de schistes argileux, une sorte de minerai de fer qui malheureusement ne se trouve en France qu’en fort petite quantité, enfin du calcaire d’eau douce. Le plus souvent cet ensemble, où l’on reconnaît fréquemment les traces d’une superposition par ordre de densité des matériaux dont il se compose, est naturellement partagé en quelques groupes partiels qui correspondent certainement à des phases du dépôt et en facilitent la description géologique et industrielle. Il n’est possible de poser aucune règle pour la puissance du terrain, qui, comme celle des couches de houille, est comprise entre des limites fort éloignées, sans qu’aucune relation puisse être établie entre le phénomène géologique et le fait industriel. Naturellement plus grande dans les bassins pélagiens que dans les bassins lacustres, elle est approximativement estimée à 2 kilomètres dans le nord et à 12 ou 1,400 mètres au plus dans la Loire, où cette profondeur est un maximum. L’abondance de ces grès, la présence de galets dans le terrain houiller, sont des indices bien nets de la formation par voie de transport sédimentaire ; mais, en songeant à l’accumulation lente et graduelle des sables à l’embouchure des fleuves et aux amas de grande épaisseur qui se déposent parfois en un jour sur les rives, à la suite de quelque crue torrentielle, on conçoit qu’il est impossible de former aucune conjecture relativement à la durée du dépôt qui a donné naissance au terrain houiller.

Ici se pose la question si intéressante à tous égards de la formation de la houille. L’abondance de végétaux fossiles dans les grès et les schistes qui l’avoisinent fait spontanément concevoir l’idée d’une décomposition végétale. La flore houillère ne comprend pas en effet moins de cinq cents espèces de plantes, au dire de M. Adolphe Brongniart, dont la science botanique a su, par l’étude de simples débris, reconstituer les végétaux qui ornaient alors notre globe. Fécondée par une température qu’on estime au double de celle qu’il possède maintenant, une végétation vraiment tropicale y engendrait, sous notre latitude même, de vastes et splendides forêts de fougères, particulièrement abondantes et caractéristiques, de prêles arborescentes, de sigillaires, de calamités, etc., aux dimensions gigantesques.