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UN
PAYSAN TURC

seconde partie.[1]

V.

En allant rendre visite au capitaine dont l’intervention inopinée avait été aussi utile à Sarah qu’à lui-même, Benjamin, on s’en souvient, se proposait de mettre à profit son séjour à Angora pour consulter quelques-uns de ces sorciers ou magiciens toujours si nombreux dans les villes turques. C’était pour la seconde fois qu’un fils du paysan Mehemmedda allait se trouver en contact avec ce qu’un habitant des campagnes de la Turquie peut regarder comme la société civilisée. Benjamin devait être plus heureux cependant que son frère Osman dans cette dangereuse tentative pour se transporter au milieu d’un monde étranger à sa rustique famille. Ses années d’enfance, passées dans la solitude et agitées par d’étranges rêveries, ne l’avaient guère préparé sans doute aux épreuves redoutables au-devant desquelles l’entraînait une curiosité naïve ; mais ce qu’il avait perdu en expérience à vivre seul, ou du moins à ne rechercher qu’une seule société, celle de Sarah, le jeune homme l’avait gagné, on le reconnaîtra bientôt, en persévérance, en fermeté, en énergie individuelle. Les qualités propres au paysan turc

  1. Voyez la livraison du 1er novembre.