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Page:Revue des Deux Mondes - 1857 - tome 12.djvu/575

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qu’une plante fatigue plus ou moins le sol, qu’une plante est plus épuisante que l’autre, puisqu’on n’a point à renouveler l’air qui s’étend indéfiniment autour de nous, tandis que le sol d’un champ s’épuise et ne peut être remis en état que par de coûteux engrais, en ce sens qu’il perd de ses élémens et qu’il faut les lui rendre.

Les chimistes ont divisé tous les corps de la nature en substances minérales et substances organiques. Les premières forment les individus du règne minéral, et les autres ceux des règnes animal et végétal. Il ne serait pas difficile de montrer que cette division est arbitraire, car bien des élémens sont communs aux trois règnes ; mais elle est commode, et on ne doit y renoncer que dans les livres véritablement scientifiques. Les élémens qui composent toute substance organique sont le carbone, l’hydrogène et l’oxygène, auxquels se joint l’azote dans la plupart des plantes et chez tous les animaux. Les élémens minéraux de tout être vivant sont plus variables, quoique leur poids soit moindre. Pour bien saisir cette distinction, il faudrait savoir la chimie, et pour comprendre qu’elle est inexacte, il faudrait la savoir mieux encore. Il suffit pour notre objet de dire que la partie inorganique d’un être animé se retrouve dans ses cendres, composées de sels divers, de chaux, de potasse, de soude, de magnésie. Le poids de ces cendres n’est pas constant, non-seulement pour des végétaux différens, mais encore pour des végétaux d’une même espèce, et même par les diverses parties d’un même végétal. Ainsi les herbes donnent plus de cendres que les bois, le tronc en laisse plus que les branches, les franches moins que les feuilles. Le foin laisse 0,06 de cendres pour 100 de plante sèche, le peuplier 0,0080, la paille de blé 0,0440, et le grain 0,0240 ; la paille d’avoine 0,0051, et l’avoine 0,0310.

Les quatre élémens des substances organiques, dont trois sont gazeux, se trouvent dans l’air, qui contient à peu près un cinquième d’azote et quatre cinquièmes, d’oxygène ; mais l’air renferme aussi de la vapeur d’eau, de l’acide carbonique, c’est-à-dire une combinaison de carbone et d’oxygène, puis de l’hydrogène, de l’ammoniaque, c’est-à-dire un composé d’hydrogène et d’azote. On pourrait donc concevoir que les plantes puisent dans l’air directement tous leurs principes organiques, et en effet tout le monde a vu dans les serres des orchidées suspendues à un fil s’accroître dans l’air humide. Des plantes, même plus communes, peuvent germer, sans que le sol leur fournisse aucun aliment, dans du sable pur ou de la brique pilée ; mais les plantes nées ainsi sont toujours faibles et languissantes. Que leur manque-t-il donc ? D’abord le carbone est-il fourni par l’air ou par le sol ? Il forme une partie importante du poids de tout être animé, car on sait que le bois réduit en charbon