Page:Revue des Deux Mondes - 1857 - tome 12.djvu/576

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

perd de son poids, mais conserve sa forme, son squelette pour ainsi dire. Pourtant l’air contient une quantité d’acide carbonique qu’on ne peut évaluer à plus de trois ou six dix-millièmes. Est-ce dans cette quantité, relativement faible, que les feuilles et les tiges des végétaux puisent par une décomposition le carbone qui les constitue, ou sont-ce les racines qui vont le puiser dans le sol ? Pour arriver aussitôt à la pratique, doit-on se préoccuper, par les engrais ou les amendemens, de fournir aux plantes ce carbone qui constitue plus de la moitié de leur poids ?

La décomposition de l’acide carbonique de l’air a été opérée d’abord par Bonnet, puis vérifiée par Priestley, Sennebier et Ingenhousz, et enfin étudiée la balance à la main par Théodore de Saussure dans une expérience célèbre confirmée plus tard par M. Boussingault. De Saussure a vu que les parties vertes des végétaux, formées de cette substance que l’on a appelée la chlorophylle, sont douées de la propriété singulière d’absorber l’acide carbonique, de garder le carbone et de rejeter l’oxygène. On sait que chez les animaux le contraire a lieu, qu’ils absorbent de l’oxygène et rejettent de l’acide carbonique, de sorte que la composition de l’air varie à peine, et le vent la maintient partout identique. Cette expérience de Théodore de Saussure est confirmée par ce qui se passe journellement sous les yeux. Ainsi les forêts qui ne sont parfumées livrent journellement à la consommation des quantités considérables de carbone ou de charbon, et la quantité d’acide carbonique que pourraient leur fournir les eaux souterraines est insignifiante. Il en est de même des prairies. On peut, par des engrais, augmenter le rendement des champs en carbone sans que les engrais en contiennent. Les plantes puisent ainsi dans l’air, qui ne peut s’épuiser. La quantité de carbone contenue dans l’atmosphère entière est évaluée par M. Liebig à plus de 1,500 billions de kilogrammes. Lors donc même que les hommes cesseraient d’exister, la végétation ne disparaîtrait pas aussitôt. Si l’on faisait l’expérience inverse et que l’on fumât un champ avec du carbone ou ses combinaisons, la moisson ne serait pas meilleure. Pour augmenter la récolté, il ne faut donc pas augmenter la proportion de carbone du sol, mais faciliter le développement de la plante par d’autres procédés, de sorte qu’offrant à l’air une plus grande surface, ses feuilles et sa tige agissent sur plus d’acide carbonique à la fois.

L’oxygène forme environ les deux cinquièmes et l’hydrogène le vingtième de tout végétal. La source de ces élémens est encore plus facile à découvrir que celle du carbone et a été moins contestée. Je ne veux au reste exposer ici que les résultats certains et non les hypothèses, comme, par exemple, la théorie de l’humus, encore soutenue