Page:Revue des Deux Mondes - 1857 - tome 12.djvu/852

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à droite et à gauche d’un plan médian, elles caractérisent le type des annelés, si profondément empreint chez les mille-pieds. Les mollusques se reconnaissent à la rareté des répétitions, à l’absence de symétrie, si facile à constater chez le colimaçon. Enfin les vertébrés réunissent en quelque sorte les caractères des deux derniers types. Les organes des sens et du mouvement, le système nerveux qui les anime, présentent à un haut degré la disposition symétrique binaire et la tendance à la répétition longitudinale des annelés, tandis que l’appareil digestif et les autres organes de nutrition rappellent ce qui se voit chez les mollusques. Sans doute d’autres caractères différentiels viennent s’ajouter à ceux-ci, mais ils ne font que confirmer ce qu’indiquait la forme générale et séparer plus profondément ce qu’elle aurait suffi à distinguer.

Le plus puissant moyen mis en œuvre par la nature pour perfectionner les organismes et établir entre les groupes, entre les espèces d’animaux la merveilleuse variété qui les distingue, est incontestablement la division du travail fonctionnel. Ici encore l’industrie humaine fournit un terme de comparaison facile à saisir, et qui explique le fait physiologique. Qu’on se rappelle ce qui arrive là où le même individu doit à la fois soigner et tondre ses bestiaux ; préparer, teindre et filer la laine ; tisser le drap ; tailler et façonner les vêtemens : quelle grossièreté, quelle inégalité, quelle imperfection partout ! Pour arriver à fabriquer ces étoffes moelleuses qui nous réchauffent en hiver, ces tissus légers qui semblent nous rafraîchir en été, il a fallu répartir le travail entre une multitude de mains et inventer autant de machines que la fabrication compte de phases. L’atelier du tailleur est le rendez-vous d’une foule d’industries, et ici encore les rôles sont partagés. Il en est de même chez les animaux. Là où les fonctions de sensation, de mouvement, de nutrition, etc., s’accumulent dans un petit nombre d’organes bons pour ainsi dire à tout faire, elles restent obscures et incomplètes ; elles n’atteignent tout leur développement que dans des organismes très complexes, et où chacune d’elles a son instrument spécial. Le progrès physiologique nécessite donc une certaine complication anatomique croissante. Par cela même, il entraîne une différenciation proportionnelle des espèces, et produit la variété. Il nous reste à voir quelle part est faite à l’économie dans l’application de ce procédé.

Et d’abord, le perfectionnement anatomique et physiologique ne porte jamais à la fois sur l’organisme tout entier. En passant d’un groupe à un autre, d’une espèce à l’espèce voisine, on voit à chaque instant la machine animale se développer dans quelqu’une de ses parties, rester stationnaire dans les parties les plus connexes. Les