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On connaît à présent l’esprit général des trois écoles qui se partagent la direction de l’opinion contemporaine en Italie, et on sait par quelle voie chacune de ces écoles entend marcher à la délivrance e à la régénération de la péninsule. Les chefs et partisans de la première sont des révolutionnaires, ceux de la seconde des réformateurs, ceux de la troisième, — comment dirai-je ? car il est difficile, dans le désaccord qui règne entre leurs instincts et leurs principes, de trouver leur vrai nom, — des réformateurs encore, mais exaltés, et que cette exaltation mène, sans qu’ils s’en doutent, à parler couramment le pur langage de la révolution. Tous les esprits violens sont par nature de l’école de la rivoluzione, tous les sages de celle du risorgimento ; mais entre ces deux minorités, la masse, honnête d’intention, quoiqu’impatiente de désirs, s’est jetée dans les voies du rinnovamento. Vers quels rivages ou quels écueils ce courant dominant entraîne-t-il l’Italie ? C’est une question qu’il n’appartient peut-être pas à notre temps de résoudre ; mais la sympathie invincible que fait toujours éprouver cette belle et triste cause de la régénération de l’Italie est telle qu’on ne peut, quoi qu’on en ait, s’interdire à cet égard toutes espérances et toutes réflexions, et on nous permettra, pour conclure, d’en exprimer quelques-unes.


III.

Le problème de la régénération du peuple italien, pour tous les esprits droits que n’aveugle ou n’entraîne aucune passion, se réduit à des termes d’une grande simplicité : — étant donné les causes du malheur de l’Italie, trouver le remède le plus efficace à les détruire. C’est dans ces termes qu’en commençant cette étude nous avons présenté la question aux deux publicistes que nous achevons d’entendre ; mais, avant même que nous la signalions, on aura sans doute remarqué une chose : c’est que si l’auteur des Istorie et celui du Rinnovamento ont rempli avec la franchise la plus méritoire la tâche pénible de nous éclairer sur la première partie du sujet, ils ont été bien loin de nous satisfaire de même sur la seconde. Ils nous ont bien dit l’un et l’autre, mettant courageusement de côté toute vanité nationale, de quoi souffrait l’Italie, ils nous ont bien étalé un à un les séculaires ulcères qui la rongent, et qui, si elle n’y prend garde, finiront par la tuer ; mais quand il s’est agi de nous faire connaître ce qu’ils pensaient du mode le plus pratique de guérir ces plaies profondes, il est impossible, nous le répétons, qu’on n’ait pas été frappé, je ne dirai pas de l’insuffisance, mais de l’absence même de leurs réponses. De quoi nous ont-ils entretenus en effet ? Des moyens qui semblaient aux différens partis qui se disputent la péninsule les plus propres non pas à tarir la source de ses maux, non pas à