Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1857 - tome 7.djvu/386

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

On a vu que la consommation annuelle moyenne de métaux précieux dans le Bengale pour les cinq dernières années était de 13,965,217 roupies. Cette moyenne pour la présidence de Bombay, dans les cinq années 1849-50 à 1853-54, est de 13,989,139 roupies. Le port de Madras reçoit annuellement un demi-million sterling de lingots d’or et d’argent. L’on peut donc dire que le marché des possessions anglaises de l’Inde consomme annuellement plus de 3 millions sterling en métaux précieux. Si, ce chiffre posé, l’on fait la part du prodigieux essor que les chemins de fer en cours d’exécution donneront au commerce de ces contrées, admirablement douées par la nature, et dont les produits sont aujourd’hui sans débouchés; si de plus, tenant compte de cette attraction mystérieuse que l’or bien plus que l’argent exerce sur l’espèce humaine, l’on imagine une monnaie d’or circulant parmi les 140 millions d’individus qui composent la population de l’Inde, et cela en coupures telles que le précieux métal puisse arriver jusqu’aux mains des plus pauvres, quelles limites pourra-t-on assigner à la consommation de l’or dans le seul domaine asiatique de l’honorable compagnie? En présence de ces faits, ne peut-on pas dire avec une grande apparence de vérité que la merveilleuse production de l’Australie et de la Californie trouvera parmi les populations multiples de l’Inde anglaise, pour de longues années encore, un débouché dont les économistes européens doivent tenir un grand compte avant de recommander la mesure suprême de la démonétisation de l’or?

Notre incompétence en ces matières difficiles nous est trop connue pour pousser plus loin cette argumentation, et, laissant cette tâche à de plus habiles, nous allons essayer d’apprécier, à l’aide des tableaux officiels, les exportations, les importations, le mouvement maritime des ports de Calcutta et de Bombay. La valeur moyenne annuelle des importations de ces cinq dernières années dans les deux capitales commerciales de l’Inde dépasse 163 millions de roupies, et celle des exportations, 201 millions. Quant au mouvement maritime de long cours, entrée et sortie réunies, il atteint le chiffre de 2,500 navires, jaugeant environ 1,400,000 tonneaux. Ce sont là sans doute des chiffres magnifiques et une belle justification des mesures parlementaires qui ont brisé le monopole commercial de l’honorable compagnie des Indes. L’on n’apprécierait toutefois qu’imparfaitement les résultats de la grande réforme économique qui a inauguré en Europe l’ère de la liberté du commerce, si comme point de comparaison, à côté du résultat des dernières années, l’on ne mettait les chiffres correspondans dans les années qui ont précédé la destruction du monopole. Dans la période 1830 à 1834, le mouvement maritime du port de Calcutta s’était élevé en chif-