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est malheureux que cette région soit si peu favorisée sous ce rapport, car c’est celle où l’on pourrait trouver le plus facilement des ouvriers en nombre suffisant. Elle se rapproche de la portion la plus peuplée du Mexique, et le climat aussi semble y être plus sain que dans les autres parties de l’Amérique centrale. Toutefois ces avantages ne peuvent point racheter les inconvéniens que nous avons signalés, et l’on peut affirmer que l’isthme de Tehuantepec, placé aujourd’hui en dehors du courant commercial de la Mer des Antilles, ne deviendra jamais la grande route interocéanique de l’Amérique centrale.

Le second point qui se présente dans l’ordre des lignes de communication interocéanique est l’état de Honduras. On n’a jamais songé à y établir un canal maritime; mais avec Panama cette province est une de celles qui se prêteraient le plus facilement à l’établissement d’un chemin de fer, et tout récemment une compagnie américaine en a fait faire les études[1]. La ligne proposée part de Puerto-Gaballo, situé sur l’Océan-Atlantique, et aboutit, du côté du Pacifique, à la baie de Fonseca : elle suit la vallée de la rivière Numaya jusque vers sa source, puis franchit la plaine qui forme le point de partage des eaux ou plateau de Comoyagua, et redescend de l’autre côté la vallée du Rio-Guascovan, qui se jette dans la baie de Fonseca. Ces deux vallées, séparées par une crête peu élevée, forment une coupure naturelle transversale au continent, et dirigée dans le sens du nord au sud. Le chemin de fer, en la suivant, présenterait de très faibles inflexions, et joindrait le deux océans par une ligne presque droite de 160 milles de long.

Les ports des deux extrémités sont représentés comme excellens. Celui de Puerto-Caballo est très grand, d’une entrée et d’une sortie faciles, et présente partout de 4 à 12 brasses de profondeur. La dis- position de la côte y permettrait l’établissement d’une grande cité. Il n’y a point aux environs de marécages qui la rendraient tout à fait insalubre : la lagune située au nord de Puerto-Caballo est formée d’eau salée, et, par une coupure de peu d’étendue, pourrait même être convertie en bassin intérieur. Ce lieu avait été autrefois choisi par Cortez pour former le grand et principal entrepôt de l’Amérique espagnole. Il n’a été abandonné que parce que le port était trop grand pour qu’on pût le défendre contre les boucaniers. Du côté de l’Océan-Pacifique, la baie de Fonseca forme la rade la plus magnifique de toutes ces côtes. Elle a 50 milles de long, 30 milles de large, et contient trois îles qui offrent d’excellens abris et des situations admirables pour l’établissement de grandes

  1. Honduras Interoceanic Railway. Preliminary Report, by G. Squier; New-York 1854.