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Page:Revue des Deux Mondes - 1857 - tome 7.djvu/522

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du général York qui avaient si perfidement abandonné Mac-donald à Taurogen. Il les attaqua avec une extrême vigueur, les chassa de Halle, s’empara bientôt après de Mersebourg, et effectua dans cette dernière ville la jonction de l’armée de l’Elbe avec l’armée du Mein. La réunion opérée, l’empereur leur enleva leur dénomination distinctive d’armée d’Elbe et d’armée du Mein, et les confondit sous le nom générique de la grande armée.

La campagne s’ouvrait sous d’heureux auspices. Napoléon avait rejoint le vice-roi sans avoir rencontré un seul ennemi, ce qui dénotait de la part des alliés ou une extrême timidité ou une grande ignorance de nos mouvemens ; il avait sous la main 180,000 hommes, et il brûlait de rencontrer Wittgenstein. Toutes les informations reçues depuis quelques jours ne lui laissaient aucun doute que la grande armée des alliés ne fût dans les environs de Leipzig : c’est donc sur Leipzig qu’il résolut de marcher. Il ordonna au vice-roi de s’y porter directement de Mersebourg par Markranstadt, tandis que lui-même, à la tête des 3e, 4e, 6e, 12e corps et de sa garde, prendrait la grande route qui passe par Weissenfels et Lutzen. Le 29 de grand matin, la division Souham, du 3e corps, débouchait de Weissenfels lorsqu’elle se trouva en présence de 6,000 cavaliers, de 1,500 fantassins soutenus par 12 pièces de canon et rangés sur trois lignes : c’était la cavalerie légère du général Lanskoï, qui venait reconnaître nos mouvemens. Nos jeunes soldats, qui se trouvaient au feu pour la première fois, s’élancèrent sur les pièces et sur les escadrons russes aux cris de vive l’empereur ! et les obligèrent à battre en retraite. « Je n’ai jamais vu, écrivait à cette occasion le maréchal Ney au major-général[1], un enthousiasme égal à celui de ces bataillons ; ce spectacle était digne des yeux de l’empereur, et doit fixer son opinion sur ces jeunes soldats, déjà vieux en un seul jour. »

Le 1er mai, à onze heures du matin, la division Souham descendit dans le vallon de Ripach, et aperçut, déployée sur les hauteurs opposées, une masse de troupes considérable composée d’infanterie, de cavalerie et d’artillerie, C’était ce même corps du général Lanskoï qu’elle avait battu deux jours auparavant, mais qui était renforcé par le corps tout entier de Wintzingerode. Elle gravit la colline, aborda les lignes ennemies et les refoula en désordre sur Pegau, à travers la grande plaine qui s’étend jusqu’à l’Elster. Malheureusement ce, glorieux début fut attristé par une perte cruelle. Le duc d’Istrie assistait au combat sans son corps d’armée, qui était en arrière ; un boulet, lancé sur le groupe dont il faisait partie, l’atteignit et l’étendit raide mort.

  1. Dépôt de la guerre.