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SOULÈVEMENT


DE L’ALLEMAGNE


APRÈS LA GUERRE DE RUSSIE





YORK ET STEIN. — LE CABINET DE BERLIN ET LE CABINET DE VIENNE.





I.

Lorsque le 5 décembre 1812 l’empereur Napoléon était parti de Smorgoni pour retourner en France, la grande armée, malgré ses pertes, qui étaient immenses, présentait encore dans ses débris une masse imposante. Il avait expressément ordonné au roi de Naples, auquel il avait laissé le commandement, de s’arrêter quelques jours à Wilna, où il avait réuni des approvisionnemens considérables, d’y rallier les hommes isolés et valides, et de leur donner des vêtemens et des armes ; puis le roi devait repasser le Niémen, s’établir sur la ligne de la Prégel, y attendre le 10e corps, lier ses mouvemens à ceux de Régnier, de Poniatowski et de Schwarzenberg, et s’entendre avec eux pour couvrir efficacement la Vieille-Prusse et le grand-duché de Varsovie. Malheureusement les circonstances douloureuses qui pesaient sur l’armée n’avaient point permis que ces sages instructions fussent exécutées, et, à peine de retour à Paris, l’empereur avait reçu les nouvelles les plus affreuses. Tant qu’il était resté à la tête de ses troupes, sa présence, sa résignation, sa fermeté, avaient soutenu tous les courages. Lorsqu’on sut qu’il avait quitté l’armée, il y eut un affaissement universel. Par une fatalité cruelle, les élémens conspirèrent avec son départ pour hâter la dissolution commencée. Le